VIII U QUESTION D’ORIENT. vers le Transvaal, et du nord au sud, de l’Égypte aux sources du Nil, tire sa principale gravité de la question d’Égypte. La rivalité des Français et des Anglais autour du lac Tchad et sur le cours moyen du Niger est en relations étroites avec la pénétration commerciale du Sahara par les routes de la Tripolitaine, de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc. Or toute l’Afrique septentrionale est rattachée au point de vue reli gieux à ITslam ; elle a son centre religieux à la Mecque, et elle n’a pas entièrement rompu les liens politiques qui l’ont unie à Constantinople. Toute agitation dans l’empire otto man y a son contre-coup. Pendant longtemps on a restreint le nom de Question d'Orient aux relations de l’empire ottoman avec les états chrétiens d’Europe. Il ne pouvait en être autrement alors que les seuls problèmes qui se posaient aux hommes d'État étaient l’indépendance des pays danubiens ou de la Grèce, la lutte entre la Russie et la Turquie pour la domination dans la mer Noire, l’autonomie de l’Égypte, l’organisation intérieure et la réforme administrative de l’empire ottoman sous l’influence de l’Europe, les relations diplomatiques des puissances chrétiennes avec le sultan. M. Driault, dans l’ou vrage qu’il nous donne aujourd’hui sur la Question d’O- rient, a senti qu’il fallait donner à cette expression une signification beaucoup plus large et que, pour bien poser les problèmes mêmes que nous venons d’énumérer, il faut les envisager dans leur rapport avec l’histoire de l’Islamisme ¿out entier. Tous les problèmes politiques (et l’on pourrait ajouter aussi sociaux) du temps présent se présentent à nous non plus comme des questions européennes, mais comme des questions mondiales, où Pékin, le Cap et New- York sont impliqués aussi bien que Paris, Londres ou Ber lin. Nous sommes forcément amenés à les envisager dans leurs rapports avec l’évolution de l’histoire universelle. M. Driault aura été le premier à composerun exposé clair et concis de la question d’Orient prise ainsi dans son sens le plus large, c’est-à-dire comme l’histoire des relations de l’Islamisme avec le monde chrétien. L’Islamisme, du vu* au XVII* siècle, pendant une période de mille ans, a étendu sur toute l’Asie occidentale et méridionale, sur l’Afrique sep-