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l’indemnité de guerre
là, sans cloute, une atteinte au droit de souveraineté. Mais les
intérêts généraux du monde et la justice l’exigent.
Les Etats alliés devront constituer une « Commission de
liquidation de l’indemnité de guerre ». Cette commission
sera chargée de contrôler toutes les opérations relatives à la
conscription des fortunes, qui seront faites sous la direction
des autorités allemandes. Elle aura à examiner les déclarations
des citoyens et les registres du cadastre des fortunes, à veiller
à la poursuite des individus qui auront refusé de faire des décla
rations ou qui auront fait des déclarations mensongères. Enfin,
elle administrera les biens qui lui seront remis en garantie de
l’indemnité de guerre. Elle n’aura nul besoin d’exercer elle-
même les industries dont l’Entente aura la propriété. Ses attri
butions ne tendront donc pas à se multiplier, mais, au contraire,
à se restreindre, à se cantonner le plus possible dans une mis
sion de haute surveillance et de contrôle.
La Commission interalliée accordera une sérieuse attention
à la nature des biens qu'elle acceptera en paiement ou en
garantie de paiement, et au prix auquel elle les prendra. Il est
probable que chaque citoyen ennemi essaiera de se debarrasser
des valeurs mobilières ou immobilières qu’il jugera bon d’aban
donner. La Commission aura donc à compter qu’elle sera payée,
dans une mesure considérable, au moyen de propriétés ou de
titres que leur possesseur trouverait difficilement à réaliser.
En règle générale, elle ne devra admettre l’évaluation des
biens que d’après leur valeur vénale, au moment où ils lui
seront remis. Mais elle appréciera si les intérêts qu’elle repré
sente seraient compromis ou, au contraire, mieux sauvegardés,
si elle acceptait certaines valeurs à un prix légèrement supé
rieur à celui que l’on peut obtenir aux Bourses des valeurs
mobilières. Il en sera ainsi, lorsqu’il s’agira de certains titres
émis en monnaies étrangères et négociables dans des pays
étrangers, car il sera fort avantageux pour les Etats aUiés de
recevoir, même à un prix supérieur au cours coté à la Bourse,
autant de valeurs étrangères que possible, afin de pouvoir ainsi