Situation générale du marché (1914-1919), d’après les
Rapports aux actionnaires de la Banque d’italie.
1914.
Lorsque nous vous adressions la parole, l’année dernière, dans
un langage empreint de mesure et de réserve, nous étions bien
loin de songer que, à quatre mois de là, l'économie mondiale serait
profondément atteinte par cette guerre qui continue d’éprouver
cruellement l’Europe, sans qu’on en puisse entrevoir la fin prochaine.
Depuis la dernière semaine de juillet la situation des marchés
internationaux est devenue et demeure encore telle, qu’elle ne prête
pas à un examen de comparaison utile. La guerre domine tout, avec
ses conséquences sans bornes: arrêt et déviations profondes du
commerce, sur terre et sur mer, et des relations financières; in-
flation, se chiffrant par milliards, de la dette publique, à des taux
de plus en plus élevés; thésaurisation de l’or et émissions, presque
sans frein, de papier monnaie. ‘
Ce bouleversement a pris de telles proportions, qu’il est impos-
sible, à l’heure qu’il est, de le retracer et de l’analyser avec objecti-
vité dans les courtes pages de ce Rapport. Qu’il nous suffise donc
de dire que la neutralité, déclarée efficacement par l’Italie dès
le premier jour, ne lui a pas épargné — pas plus d’ailleurs qu’à
la Suisse, à la Hollande et aux États scandinaves — les conséquences
économiques et financières amenées par la répercussion de ce for-
midable conflit.
Il nous semble superflu de rappeler la panique qui, dans les
premiers jours du mois d’août, s'empara de beaucoup d’esprits dans
notre pays, en provoquant une sensible secousse pour le crédit et
quelque trouble parmi les établissements qui l’exercent.