DES DIRECTEURS TITULAIRES
1° Les Directeurs, comme les Banques elles-mêmes, devraient dépendre
directement du Ministre et ne dépendre que de lni afin d’avoir sur place toute l’in-
dépendance nécessaire à la défense de nos intérêts, qui sontaussi cenx du public
porteur de nos billets.
La menace de suspension de l’art. 46 les met à la merci de certains Gouver-
neurs chez qui la passion politique prime toutes autres considérations, etil faut
d'autant plus de courage pour résister, que n’étant pas fonctionnaires, n’ayant pas
droit à une retraite, n’appartenant pas à une Administration, ils ne peuvent pas
espérer trouver une situation équivalente dans une autre Colonie.
Nous ne pouvons qu’exprimerun vœu au sujet de cette réforme ; mais nous
voulams espérer qu’il répond à la préoccupation du Gouvernement métropolitain
qui est, nous le savons, de mettre les Banques et les Directeurs en dehors et à
l'abri des prétentions trop souvent excessives des pouvoirs locaux.
2 Puisque nous sommes appelés à payer letraitement des Directeurs ; puis-
que nous devons leur confierla clé de nos caisses et leur laisser la haute main sur
nos opérations, dont le bon oule manvais résultat dépend beaucoup pis l’eux
que de nous. ilne parait pas excessif de demander que quelques garanties nous
soient accordées à leur sujet dans les statuts.
Le choix des Directenrs envoyés à la Banque de la Guadelonpe n’a pas toujours
été henreux. On nonsa imnosé des hommes politiques, d’une incapacité notoire au
point de-vne Banque et finances. La sitnation précaire de notre Ftablissement avant
"900 est due plus àlinsnffisance professionnelle de certains d’entre enx, qu’anx dif-
cnltés é‘onomiques de la Colonie ; sans crainte d’exagérer, on peut leur attribuer la
pert« de quelques millions, et la suppression des dividendes pendant une dizaine
d'années.
“ D'autres hommes de réelle valeur nous ont été envoyés ensuite, mais ils ne pou-
vaient réparer en un tour de main les énormes fautes de leurs devanciers.
Nous inspirant des henreux résultats obtenus à la Banque de l'Afrique Occiden-
tale par M. Nouvion ; à la Réunion par MM. Henry Hüe et Boby de la Chapelle ; à la
Martinique par M. Alizard, nous verrions avec une satisfaction insérer aux statuts
que :
« Les Directeurs nommés aux Banques coloniales doivent avoir au moins »
« dix années de Service, soit dans les Etablissements de Crédit, soit dans l’Ad- »
« mimistration des Finances. soit dans l'Inspection des Finances ou des Colo »
« nies. »
3- Mais en revanche, il nous paraitrait que les statuts devraieut aussi fixer les
traitements et ne pas les laisser à la discrétion du Ministre qui les fait varier de 12.000
à 20 ou 25.600 fres, sans qu’il y ait toujours parité entre la valeur des Directeurs et
leurs gros appointements. Aussi, croyons-nous qu’un chiffre moyen de 18.000 fres.,
qui est en rapport avec la situation prépondérante d’un Directeur de Banque coloniale,
devrait être indiqué au $ II de l’art, 42, qui dirait -
« Le traitement du Directeur est fixé à 18.000 trancs, sauf dans le cas d’un
« Directeur envoyé par le Ministre des Colonies avec une mission spéciale. Ses frais
« de transport ainsi que ceux de sa famille, sont fixés par arrêté ministériel payés
« par la Banque. »
4° Nous avons, à bien des reprises, regretté que nos Directeurs ne prissent
pas contact plus fréquent avec la Commission de Surveillance et le Ministère.