PRÉFACE
problèmes ainsi posés et de les étudier dans leur ensemble ; en d'autres
termes, de leur appliquer les critériums et les disciplines de la méthode
historique. En raison même de ce que la guerre, prise dans son ensemble,
constituait un seul fait, quoique se répercutant par des voies indirectes
jusqu’aux régions les plus reculées du globe, l’étude de la guerre devait
se développer sur un plan unique, embrassant tous ses aspects à la fois
et pourtant ne égligeant aucune des données accessibles.
Aussi longtemps que la guerre a duré, on ne pouvait songer à
l’exécution d’un tel programme. On pouvait tenter des études occa-
sionnelles et partielles (quelques-unes ont été publiées sous la direction
de la Division Economique), mais il était impossible d’entreprendre
une histoire générale, et cela pour des raisons évidentes. D'abord toute
étude autorisée sur les ressources des belligérants aurait influencé
directement la conduite des armées. Aussi les gouvernements avaient-
ils grand soin de soustraire à toute enquête les données de la vie éco-
nomique, même celles auxquelles, en temps normal, le public a accès.
En dehors même de cette difficulté, les collaborateurs qui eussent été
qualifiés pour ces études étaient pour la plupart mobilisés et par
conséquent hors d’état de se livrer à de pareilles recherches. Le plan
d’une histoire de la guerre fut donc ajourné jusqu’au moment où les
circonstances rendraient possibles dans chaque nation, non seulement
la communication des documents, mais la collaboration des spécialistes,
économistes, historiens, hommes d’affaires, et où leur coopération à ce
travail collectif ne pourrait plus donner lieu à des malentendus, ni
quant à ses buts, ni quant à son contenu.
Dès la guerre finie, la Dotation reprit son plan primitif. Il se trouva
qu’il s’adaptait assez bien, sauf quelques légères modifications, à la
situation nouvelle. Le travail commença dans l’été etl’automne de 1919.
Une première conférence des économistes composant le Conseil consul-
tatif (Advisory Board of Fconomists), fut convoquée à Paris par la
Division d’Economie et d’Histoire. Elle se borna à tracer un programme
de courtes études préliminaires ayant trait aux principaux aspects de
la guerre. Comme le caractère purement préliminaire de ces études
fut encore accentué par le fait qu’elles portaient plus spécialement sur
les problèmes urgents de l’Europe à ce moment, on décida de ne pas
en faire des fragments de l’histoire générale mais d’y voir simplement
des essais d’intérêt immédiat pour la période de l’après-guerre. Visible-
ment la conférence ne pouvait établir à priorà? aucun programme
d’ensemble ; il fallait créer un instrument plus spécialisé que celui qui
existait si l’on voulait entreprendre l’histoire économique et sociale
de la guerre. Pour cela il fallait une enquête menée d’abord par une
organisation nationale et ne faisant appel que subsidiairement à une
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