JOURNAL DES ÉCONOMISTES
danger pour la politique économique japonaise. Le gouvernement
qui se montre disposé à favoriser son introduction est certain de s
chute, à moins que sa politique ne parvienne à en pallier les effets.
Qu’un gouvernement prenne la place d’un autre, qui a perdu le
pouvoir, il n’agit pas autrement. Les acteurs changent, la pièc
reste la même. La pièce, c’est-à-dire l'importation de métaux pré-
jeux par des procédés artificiels. Le mot d'ordre ne varie pas :
réduction aussi forte que possible du commerce d'importation, déve-
loppement aussi large que possible du commerce d’exportation
protection artificielle de la production d’or indigène afin de soute
nir le système monétaire de l’Empire. A propos de l’importatio
de capitaux étrangers, on dit communément : le Japon est pauvre
en capital, le travail japonais est bon marché *. Il faut de l’ar-
gent étranger, pour qu'on puisse utiliser ce travail, de façon com-
plète et rationnelle. Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces pro-
pos, c’est qu’on oublie absolument que l'importation de capitaux
étrangers se réalise principalement par l’intermédiaire d'un excédent
d’importations de marchandises. On ne se délivre pas des vieille
uperstitions; on s'imagine que des capitaux étrangers s'introduisent
surtout dans le pays sous la forme de métaux précieux, Bien en-
endu les véritables inspirateurs de la propagande en faveur de
l'importation du capital étranger ont des opinions fort différentes.
Ce sont, ou bien les spéculateurs encombrés de stocks, qui espèrent
prévenir la catastrophe menaçante en introduisant de l’argent étran-
ger, ou bien les hommes politiques soucieux de se maintenir au
pouvoir, qui attendent de cette introduction l’avènement d’une
onjoncture favorable, et la consolidation de leur puissance, Il:
jouent la comédie au peuple, comme s’il était possible de faire
aller de pair la restriction des importations et l'importation de
apitaux étrangers. C’est pure extravagance, s’écrieront les experts,
néanmoins, c’est le fait véritable au Japon. Et il paraîtra presque
omique que les mêmes hommes qui ont causé le fiasco des mines
d’or d’Hasami, lesquelles avaient reçu de sources semi-officielle,
d’érormes crédits, destinés à développer la production de l’or au
apon, se soient publiquement élevés contre l’interdiction de sortie
de l’or. On concevrait difficilement paradoxe plus énorme, 200
La même pièce est toujours reprise, mais, par contre, il y a
hangement fréquent des méthodes économiques, Conjoncture
1, Cependant, je crois avoir prouvé dans mon introduction de la tra-
duction d’un ouvrage de L. Brentano, Durée du travail et salaire en rap-
port avec la productivité, publié à Tokio en 1899, que le travail japonais
n’est pas meilleur marché que le travail en AS
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