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LES DÉPENSES DE GUERRE DE LA FRANCE
emprunter aux États-Unis et à l’Angleterre environ 26.450 millions de
francs-or, prêta environ 15 millards de francs, savoir :
A l'Italie, 350 millions de francs.
À la Russie, 6.500 millions de francs.
À la Belgique, 3 milliards de francs.
À la Serbie, à la Yougoslavie, 1.738 millions de francs.
À la Roumanie, 1.132 millions de francs, etc.
Comme nous l’avons vu, il sera bien difficile, pour la France,
d'obtenir le remboursement de ces prêts. Cela serait-il juste ? Dans une
grande guerre mondiale, où la victoire profite à tous, chacun met dans
la communauté ce qu’il a : son sang, ses munitions, son argent. Si ceux
qui ont versé beaucoup de sang ont ensuite à payer à leurs anciens alliés
d'énormes sommes, il y a violation de la justice. Politiquement, c’est
là une source de récriminations, d’autant plus amères que les prêts sont
plus importants et plus difficiles à rembourser. Enfin, l’insolvabilité des
débiteurs est manifeste et les difficultés des transports sont quasi insur-
montables Dès lors, il vaut mieux considérer tout de suite comme
dépenses définitives les prêts faits par la France aux alliés.
SEcTroN II
Services d’assistance sociale
La conséquence immédiate de la guerre nationale a été, pour la
France, une crise économique intense, une désorganisation de la vie
sociale. Tous ies hommes en état de porter les armes ou de rendre des
services auxiliaires furent mobilisés. Du même coup furent privées de
leur soutien (mari, fils, père) des centaines de milliers de familles qui,
jusqu'alors, vivaient de leurs gains. La mobilisation eut aussi pour résul-
tat la mise en chômage de la plupart des industries ou des commerces,
car le personnel réduit restant ne comprenait pas les meilleurs éléments
de la production.
Au point de vue de la justice et de la paix sociale, il parut indispen-
sable non seulement que les locataires mobilisés fussent dispensés de
payer leur loyer — ce qui constituait une lourde perte de guerre pour
les propriétaires, — mais encore que l’État organisât des services régu-
liers d'assistance aux familles des mobilisés. Cela a coûté, chaque année,
des milliards de francs. C’est le plus important — mais non le seul —
des services d’assistance sociale pendant la guerre.
Ainsi, pour la France, pendant la guerre 1914-18, on a affirmé (1)
(1) Pour les statistiques, voyez le rapport Louis MARIN sur le budget ordinaire des services
civils de 1919. Chambre des députés, doc., n° 6.158, p. 29 et suivantes.