LES AVANCES AUX FOURNISSEURS
A
17
quels on faisait appel pour la production, aussi immédiate que possible,
de munitions et de matériel de guerre. Pour ceux-ci, non seulement
l’argent était nécessaire pour acheter des matières premières et payer la
main-d’œuvre, mais encore pour adapter d’anciennes installations,
pour louer ou acheter des terrains, édifier des constructions, acquérir
un outillage. L'intérêt national était de faire appel à tous les citoyens
honnêtes et capables de fabriquer des munitions, même si avant ia guerre
ils n’en avaient pas produit.
En un mot, une mobilisation industrielle de la France était indispen-
sable. Or, étant donné la situation économique de la France, non seule-
ment au début de la guerre, mais encore de longs mois après l’ouverture
des hostilités, il était pratiquement impossible à ces citoyens de trouver
le crédit nécessaire pour monter et faire fonctionner rapidement des
usines de guerre.
Si donc le gouvernement voulait intensifier la production nationale
du matériel et des munitions de guerre, il devait trouver à la question
d’argent une solution rapide et satisfaisante.
Le moyen le plus simpie était, pour l’État, de faire aux industriels,
fabricants anciens ou nouveaux de munitions de guerre, des avances,
naturellement après avoir vérifié leur honnêteté et leur aptitude à pro-
duire. L'argent indispensable que les banques, les établissements de
crédit ne pouvaient pas fournir aux industriels français, il était naturel
et légitime que l’État l’avançât. Après avoir mis entre leurs mains le
personnel, il eût été absurde de leur refuser l’argent. Les avances de
l’État aux industriels français se trouvaient donc tout à fait justifiées :
c’était l'intérêt de la Défense nationale ; c'était la nécessité urgente et
impérieuse d'accroître sans limites la production des munitions de guerre ;
c’était l'impossibilité, pour les industriels français, de trouver, dans le
public ou dans les banques, l’argent nécessaire.
Le procédé des avances, à lui seul, n’était pas suffisant pour résoudre
le problème. Sans doute, les importants bénéfices espérés par les indus-
triels étaient de nature à provoquer de nombreuses et fécondes initia-
tives, Mais étant donné l’énormité des besoins de l’État, le gouverne-
ment ne pouvait pas, ne devait pas compter exclusivement sur l’initia-
tive individuelle. Il lui fallait se préoccuper de parer à l’insuffisance des
créations dues à la seule initiative individuelle. Il lui fallait constituer
lui-même ou contribuer largement à créer des usines et fabriques de
munitions de guerre, en fournissant soit tout ou partie du personnel de
direction ; soit la main-d’œuvre : soit tout ou partie de l’outillage, en