PRÉFACE
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par les contemporains étant aussi instructives que les faits mêmes sur
lesquels elles portent. D’ailleurs le plan, dans son ensemble, est établi de
façon que les monographies d’un même pays se contrôlent mutuelle-
ment ; là où ce ne serait pas le cas, nul doute que d’autres ouvrages
parallèles, publiés dans les autres pays, ne puissent servir de correctif.
Outre ces monographies destinées à utiliser les sources, d’autres
études sont en préparation ayant un caractère technique et limité, et
portant sur des points précis d’histoire ou de statistique. Ces monogra-
phies ont, elles aussi, le caractère de travaux de première main, car elles
enregistrent des faits recueillis assez près de leur source pour permettre
des vérifications qui deviendraient impossibles plus tard. Mais, d’autre
part, elles constituent aussi des applications de la méthode construc-
tive par laquelle l’historien passe de l’analyse à la synthèse. Mais 1l
s’agit d’une tâche difficile et longue et qui commence à peine.
On pourrait dire, pour caractériser les premières phases d’une his-
toire comme celle-ci, que l’on n’en est encore, suivant l’expression amé-
ricaine, qu’à la « cueillette du coton ». Les fils emmêlés des événements
restent à tisser pour fabriquer l’étoffe de l’histoire. Dans un travail
constructif et créateur comme celui-ci, on peut être obligé de changer
de plan et d'organisation.
Dans une entreprise qui implique une coopération aussi complexe
et aussi variée, il est imposible d’établir, autrement que d’une façon
très générale, la part de responsabilité des directeurs et des auteurs dans
la rédaction des monographies. En ce qui concerne le plan de l’Histoire
de la Guerre dans son ensemble et son exécution, c’est le Directeur géné-
ral qui assume la responsabilité ; mais quant aux arrangements de détail
et à la répartition des travaux entre les collaborateurs, c’est surtout
l’affaire des Comités de direction et d’édition dans chaque pays qui
ont aussi à lire les manuscrits préparés sous leur direction. Néanmoins,
l'acceptation d’une monographie n’implique nullement l’approbation
des opinions et conclusions qui s’y trouvent formulées. La Direction
borne son rôle à s'assurer de la valeur scientifique des travaux, et à
vérifier s’ils rentrent bien dans le cadre du plan adopté, mais les auteurs
auront naturellement toute liberté de traiter les sujets à leur gré. De
même aussi la Dotation, par le fait qu’elle autorise la publication de
monographies, ne doit pas être considérée comme donnant son appro-
bation aux conclusions qui s’y trouveront exprimées.
C’est devant l’histoire seulement que la Dotation sera responsable ;
d’où résulte pour elle l’obligation de réunir et de présenter tous les faits
et tous les points de vue aussi complètement et aussi exactement que
possible, sans chercher à en éliminer aucun, dès qu’ils sont essentiels
à l’intelligence générale de la guerre.