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LES DÉPENSES DE GUERRE DE LA FRANCE
a été satisfaisant dans son ensemble. C’est du côté de l'interprétation,
par l'administration, des règles posées par les textes qu’il y a eu ‘des
erreurs et des négligences, surtout au début. Les services n’ont pas tou-
jours eu une juste conception de la défense des intérêts de l’État. Ils
ont cru que l'Etat était le banquier naturel des fournisseurs, alors qu’il
n’était qu’un banquier tout à fait exceptionnel, qui n’intervenait que
parce que les autres banquiers ne pouvaient pas prêter de l’argent aux
fournisseurs.
II. — D'’autre part, lorsque les fournisseurs demandaient à l’État
d’être leur banquier, ils auraient dû payer les services de l’Etat comme ils les
auraient payés à un banquier et lui fournir les garanties qu’ils n’auraient
pu refuser à un banquier. C’était le devoir strict des services de le rappeler
aux fournisseurs, au moment où ceux-ci réclamaient des avances.
Par cette application du régime des avances, les services auraient
fait tout de suite disparaître des abus indéniables.
III. — D'ailleurs, il n’en faut pas exagérer l’importance. La Commis-
sion des contrats du service des munitions insista pour que les services
réclamassent aux fournisseurs des garanties sérieuses pour les avances
qu'ils sollicitaient. À partir de ce moment, les appels aux avances diminuè-
rent considérablement. La stipulation générale et rigoureuse d’un intérêt
à un taux au moins égal à celui que payait l’État pour se procurer les
fonds d’avances, soit 5,75 à 6 pour 100, plus difficile à faire inscrire dans
les contrats, eut aussi une grande efficacité.
Voilà pour les avances.
IV. — Le principe de la participation financière de l’Etat aux dépenses
d'installation et d’outillage des usines et fabriques nationales exécutant des
commandes pour l’administration de la guerre, ne soulève pas davantage
d'objections. Cette participation fut une nécessité. Le régime de cette parti-
cipation était beaucoup plus délicat que celui des avances, parce que les
modalités de cette participation étaient très variées.
Les services devaient choisir le mode de participation qui entraîne-
rait, pour l’État, les moindres charges financières. Les services devaient
aussi réserver à l’État loutes les garanties pour que ces charges ne fussent
pas faites sans utilité ni profit pour la Défense nationale. Enfin, ils
devaient veiller à ce qu’une valeur pécuniaire ne fût pas mise par l’État
d’une manière durable dans le patrimoine d’un industriel sans que l’État
en retirât un avantage.
Par la force des choses, le rôle des services dans la solution de tous
ces problèmes était beaucoup plus délicat que lorsqu’il s’agissait
d'avances. Il était très difficile de fixer à l’administration, par des textes
détaillés, une ligne de conduite immuable. Cette confiance qu’on fut
amené à leur faire, les services ne l’ont pas toujours justifiée par un