Le secrétaire d’État américain Mellon a montré que la prospérité
américaine était due à ce fait, que les États-Unis possèdent dans une
large mesure chez eux-mêmes ce qui est nécessaire à la vie écono-
mique moderne : une spécialisation suffisante de la production et de
la consommation grâce à un large marché. « Nous pouvons, a-t-il dit,
» cultiver le blé dans le Dakota et le seigle dans l’Iowa; les fruits en
» Floride. Nous pouvons fabriquer du fer à Pittsburg, des automo-
» biles à Détroit et des chaussures à Saint-Louis. Possédant un système
» efficient de transports, 110 millions de consommateurs, une même
» banque et pas de barrières douanières, nous pouvons produire à
» bon marché, et en même temps payer les plus hauts salaires de
» l’histoire parce qu’il nous est possible de produire en masse et cela
» dans les territoires où les conditions de la main-d’œuvre et des
» matières premières sont le plus favorables. »
Au même moment, M. Walter Leaf, président de la Chambre de
commerce internationale, disait à Paris aux délégués de cette orga-
nisation : « Tous les pays d’Europe sont aux prises avec les mêmes
» difficultés : trouver des marchés pour leurs industries. La capacité
» de production est généralement plus grande qu’avant la guerre, mais
» la production elle-même est ralentie parce que les produits sont
» refusés ou tout au moins que leur circulation est entravée par des
» tarifs et les obstacles douaniers. De là le chômage, la stagnation
» de l’industrie et un lamentable gaspillage d’énergie potentielle
» humaine.
» Une « European Trade League » assurerait une ère de débouchés
» égale à celle que possèdent les États-Unis. Mais les jalousies natio-
» nales nous forcent à employer dans des luttes commerciales de
» suicide des‘efforts qui devraient être concentrés sur un avancement
» général du bien-être humain. »
C. Les prix.
Il faut insister encore sur les prix et leur instabilité. Voici quelques
remarques à ce sujet :
1° L'instabilité des prix est générale. Il suffit de consulter les
tableaux d’indices du coût de la vie, des prix de gros et de détail dans
tous les pays:
29 L’instabilité des prix est le premier obstacle à la production;
3° L'adaptation du prix des marchandises et du pouvoir d’achat
de la monnaie dépréciée se fait lentement : il a fallu sept ans, de 1919
à 1925, pour que les consommateurs français s'adaptent aux prix
actuels (Louis J aray) ;
49 L'incertitude conduit 1e producteur à majorer ses prix. En temps
normal le prix de revient est majoré de 33 %. Il l’est maintenant de
I00 % pour se couvrir du risque des changements subits de la valeur
de la monnaie:
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