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certain nombre d’années elles atteindraient leur parité d'avant guerre
avec le dollar et la livre. Cette perspective que tout allait monter
provoqua de la part des spéculateurs des achats de ces monnaies en
telles quantités que les calculs gouvernementaux se trouvèrent en
défaut et que les prix tombèrent de façon tout à fait troublante. Au
Danemark, par exemple, les produits agricoles baissèrent rapide-
ment de 33 %.-
La Pologne a aussi instauré l’an dernier une monnaie à base d’or.
Elle a souffert une dépréciation de 4 à 50 %. La situation industrielle
est devenue mauvaise. 80,000 chômeurs dans le district de tissage
de Lods, 75,000 dans le district de mineurs de la Haute-Silésie, une
diminution de la population des mineurs de 224,000 à 108,000 dans les
deux dernières années.
La Russie après la banqueroute a instauré un nouveau système,
le tchernovetz, basé sur l’or et les billets selon le système orthodoxe
suivi ailleurs. Il s'agissait de rendre la monnaie indépendante du
Gouvernement. Cependant voilà le tchernovetz atteint de dépréciation.
H. La confiance publique.
La confiance publique et son contraire, la panique, sont des
vocables qui recouvrent un complexe d’idées et de sentiments;
ce sont là les résultats de facteurs idéologiques venant s'ajouter
aux facteurs d’ordre objectif et avec lesquels il faut savoir compter
de plus en plus maintenant que le champ économique est largement
ouvert à toutes les masses démocratiques, que la politique et la
finance sont de moins en moins séparées. La psychologie des foules
est assez avancée déjà pour apporter des données qui éclairent sin-
gulièrement certains faits et qui pourront servir de base à certaines
actions. Pendant la guerre on a fait jouer en grand les moyens de pro-
pagande et de censure, de « bourrage » et de « débourrage » de crânes.
Il y a là des éléments à élucider, à combiner de plus en plus et avec
lesquels l’avenir devra compter (1).
Si les banques sont riches, c’est par le crédit qu’elles le sont deve-
nues, par le crédit de chacun, le crédit de tous, le crédit public, le
crédit du pays. Ce crédit est chose sociale, aussi universelle que l’air
et la pesanteur. B fait crédit à À parce qu’il est convaincu de trouver
(1) M. Jaspar, Premier Ministre du Cabinet belge chargé de la reconstitution
financière, a donné la définition suivante (discours du 23 mai 1926) : « La
» Confiance, c’est la croyance en sa force, en sa volonté, en son avenir; la con-
» fiance, c’est la notion de ce que l’on est et de ce que l’on peut; la confiance,
» c’est la vision des travaux que l’on a accomplis dans le passé, des souffrances
» que l’on a surmontées et des buts que l’on peut atteindre; la confiance, en un
» mot, c’est la personnalité même. Les Belges, certes, comptaient parmi ceux
» qui doutaient le moins d’eux-mêmes. Auraient-ils perdu aujourd’hui cette
» vertu foncière de la race? Je ne le crois pas, par ce que j'ai vu et retenu, »