- 293 —
à la notion de finances nationales. Les nations belligérantes, surtout
celles de races latines, écrasées par les impôts, les emprunts et les
dettes interalliées, ont à lutter à mort, contre les nations bancaires
à base d’or.
Les Etats-Unis ont fait du dollar le marché du monde. Avant 1924,
le dollar valait la parité d’or, soit 5.1826 du franc belge ou franc.
En ce temps, c’était l’Angleterre qui, depuis plusieurs siècles, possédait
le grand marché de l’or. Les Etats-Unis, pendant la guerre, furent les
grands fournisseurs des Alliés et même, un certain temps, de leurs
ennemis. L'or y afflua au point d’y avoir plus que décuplé. Une infla-
tion d’or y fut crainte un moment, mais les financiers y parèrent en
intéressant quantité de nations à l’étalon d’or, notamment par les
emprunts et les règlements des dettes. On estime à une vingtaine de
milliards de francs les sommes ainsi absorbées. Les placements à
l'étranger de l’Amérique, au 30 juillet r925, étaient de 9,522 millions
de dollars dont 4,147 en obligations pourvues de la garantie des Gouver-
nements et 5,375 en titres industriels. Depuis 1914, les placements
étrangers des Etats-Unis ont donc à peu près triplé.
On assiste à l’accord entre l'Amérique et la Grande-Bretagne
en vue du rétablissement de l’étalon or. C’est la volonté bien arrêtée
de la finance anglo-saxonne de rétablir l’or sur son piédestal. L'écono-
miste anglais Arthur Kitson est allé même jusqu’à dénoncer la propa-
gation du système monétaire à étalon d’or « comme un complot de
certains financiers germano-américains pour dominer le monde ».
L'Angleterre et l’Amérique vont se disputer l’hégémonie mondiale,
essayer de persuader aux autres nations, dotées de l'indépendance
monétaire, de renoncer à celle-ci pour se soumettre à la suprématie
des monnaies anglo-saxonnes. Mais d’autre part, les Anglais, mainte-
nant, veulent drainer une partie de l’or américain, et engagent dans
ce but des luttes commerciales. On les a déjà vu naître au sujet du
caoutchouc et des pétroles.
Ainsi la guerre des changes a mis aux prises les banques privées des
places d'Amsterdam, de New-York, de Londres et de Paris. Le dollar
a voulu triompher; à son tour, la livre cherche à l'emporter sur le
dollar. Et les Allemands, persuadés que les Français ont tué leur
mark, ne sont pas fâchés de voir maintenant tuer le franc. D'autre
part, la finance reste un des moyens principaux dont se servent
les Gouvernements de France, d'Angleterre et d’Allemagne pour
développer leur influence à l’étranger. -
2