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s'étend l'aire d'action d’une banque d’émission, plus s'étend l’assiette
de la solidarité économique créée entre tous les créanciers partict-
liers : le portefeuille de la Banque de France (40 millions d’habitants)
exprime plus de solidarité au point de vue des risques que celui de la
Banque Nationale de Belgique (7 millions d'habitants) et moins que
le portefeuille fédéralisé des banques américaines qui émettent le
dollar (rr0 millions d'habitants). Une étape de plus doit être accomplie
aujourd’hui et la solidarité devenir universelle par un mécanisme
qui lie les uns aux autres en une seule masse, les créances du monde
industriel et commercial tout entier. Ainsi serait constituée une monnaie
fondée sur les richesses réelles des peuples : le travail et son nombre
la technicité et son esprit d’invention, les ressources du sol et du sous-
sol, les réservoirs de houille blanche, tous les instruments de pro:
duction et d’échange. La loi des grands nombres compensant les
risques au maximum donnera la meilleure des assurances. Les crises
naturelles et sociales ne se produisant pas dans les mêmes lieux ni
les mêmes temps, il y aurait assurance maximum. Une telle monnaie
ne serait-elle pas cent fois préférable à l’autre, connue maintenant
pour ses troubles et ses méfaits? (J.-L. Chastaing.)
Ainsi, monnaie universelle dans l’espace, monnaie universelle dans
le temps, monnaie universelle dans la substance : c’est-à-dire inter
nationalité, perpétuité, solidarité de la monnaie. Par là se justifierà
la vérité de cette parole d’Adam Smith : « Le propriétaire d’un im
meuble est attaché au pays où se trouve sa propriété, le propriétaire
d’un bien mobilier est citoyen du monde. » Les créances de partout,
après avoir été mobilisées dans un organisme à activité continue et
y avoir été solidarisées sont susceptibles d’agréger vraiment les
hommes en citoyens de l’univers économique et financier.
V. — UNE CONCEPTION NOUVELLE
LE COMPTABILISME
Le comptabilisme est une conception qui pourrait apporter la solu-
tion à la crise monétaire actuelle. Le mot a été créé par oppositio!
au métallisme. Il repose sur la notion du compte courant et du vire-
ment; il en généralise l’usage, il en organise le fonctionnement à l’ir-
tervention d’une institution officielle centrale. L'idée d’une monnaie
de compte peut être retrouvée assez loin dans l’histoire. Les banquiers
de la Renaissance obviaient à l’anarchie monétaire en ayant entre
eux une monnaie de compte. Ernest Solvay a attaché son nom à ut
mouvement qui tend à voir le comptabilisme se substituer gra”
duellement au métallisme. Les formules que le groupe de se
collaborateurs ont donné vers 1895 réalisent une première approxt
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