VI. — UNE INSTITUTION NOUVELLE :
LES VIREMENTS ET CHÈQUES POSTAUX
Un fait nouveau de portée considérable s’est produit : le très grand
succès de l’institution toute récente des virements et chèques postaux.
On sort ici du domaine des théories et des hypothèses pour entrer
dans celui des réalités bienfaisantes, Mais toute leur portée n’est
vraiment aperçue qu’à la lumière des considérations qui précèdent.
Dans son état actuel, on peut définir le service des chèques et vire-
ments postaux : un service public, pour les payements entre parti-
culiers, à l’aide de simples virements et transferts. A la monnaie,
métal ou billets, il substitue de simples écritures comptables. Dans
vingt pays le système fonctionne déjà avec succès. En Belgique, 1e
service a progressé avec éclat. Les affiliés sont au nombre de 165,000;
pour leurs opérations, ils ont déposé volontairement et sans intérêt
une Somme qui dépasse le milliard. Ils ont opéré entre eux des paye-
ments s’élevant à plus de 10 milliards par mois, soit pour 1925 à
128,266,116,932 francs, dont 84.2 % sans emploi de signes monétaires,
le tout en 36,010,707 opérations (1).
En France, les chèques postaux furent créés en 1918. Le total des
opérations, qui s’éleva à I 5 milliards et demi environ en I9IO, est passé
à I41 milliards en 1924. Mais le service a été peu développé. Bien que
la poste y ait 13,000 établissements, les comptes chèques ne s’élèvent
à peu près qu’à 3 % des comptes courants à la Caisse d'épargne.
En Hongrie, en mai 1925, On y avait 52,459 comptes chèques postaux
Avec 121,200,000 couronnes déposées, L’Angleterre retire des chèques
postaux 5 milliards pour sa trésorerie,
Comme instrument de paiement pur et simple, le titulaire d’un
compte postal économise les frais de garde de la monnaie, l’entretien
de garçons de recettes et de caissiers; il se met à l’abri des risques,
tels que ceux de vol et d'incendie; il obtient gratuitement l’établis-
sement de son livre de caisse.
Les banques se servent de l'Office postal par qui elles pénètrent
jusqu’au fond des campagnes. L'égalité entre tous les citoyens devient
effective, la distance étant supprimée en fait. La poste est largement
désencombrée des services de mandats, quittances et effets de com-
Merce, modes moins efficaces. Les comptables des finances de l’État
Peuvent s’affilier au service; dès lors, les diverses impositions sont
réglées à leur intervention et ces comptables virent leurs excédents
au compte du Trésor. De même pour les administrations communales
et provinciales,
Les grandes banques au début se sont opposées au chèque postal
(t) STRALE, Les chèques et virements postaux. (L'Union postale, Berne, juin
1926, p. 1 T7.)