I. — LE PROBLÈME
La crise monétaire profonde dans laquelle se débattent les nations
à change déprécié présente un enchevêtrement extraordinaire.
Le problème offre à la fois un aspect public dans le chef des États,
et privé dans celui des individus; il est national et international.
En conséquence, politique et financier; il mêle toutes choses dans un
commun désarroi.
Quelques constatations s'imposent :
19 Voici qu’après la France, avec la France, la Belgique traverse
une crise aiguë. Un plan de stabilisation du franc était en voie d’exé-
cution depuis de longs mois. Les techniciens l’avaient élaboré dans
tous ses détails et la nation, la masse comme les partis politiques,
convaincus de sa nécessité, avait, dès décembre dernier, consenti
les lourds sacrifices nécessaires. De mars à mai le plan a volé en éclats,
faisant traverser au pays la crise jugée la plus grave de son histoire
après la guerre mondiale.
Ce désastre monétaire vient après celui de l’Allemagne, de la
Russie, de la Pologne, de l’Autriche et de la Hongrie, un diagnostic
de la situation générale est nécessaire, non plus superficiellement,
en considérant que le problème peut être envisagé pays après pays
et sans lien, en pensant qu’il s’agit d’un mal monétaire et que tout
trouble sera guéri dès que l’ordre des choses ancien pourra être rétabli.
C’est une dangereuse illusion. A situation nouvelle, il faut adap-
tation et moyens nouveaux, à mal s’universalisant s'impose solution
universelle.
29 La monnaie doit être avant tout, exclusivement, un instrument
Servant au règlement des transactions, mesurant celles-ci et repré-
sentant des actifs dans l’intervalle où s’opèrent les échanges. Elle ne
doit pas être un moyen de crédit à la disposition de l’État et par
conséquent toute solidarité doit cesser entre la valeur de l’étalon
monétaire et celle de créances à charge de l’État.
3° Dans la vie contemporaine, les transactions sont devenues
internationales dans des proportions croissantes ainsi qu’en témoigne
le chiffre des importations et des exportations; dès lors, il n’est plus
fondé désormais de donner à la monnaie, instrument de transaction,
une base nationale.
4° L'État est impuissant vis-à-vis de la spéculation internationale,
Ouverte ou occulte, qui livre assaut à sa monnaie nationale. D’autre