LES COOPERATIVES DANS LES PAYS LATINS 205
Sud, I’Argentine est la seule, qui compte quelques coopératives
natives et peu importantes.
Voici un peu de statistique pour montrer combien les pays
du Midi sont encore fort en retard.
Si nous prenons comme mesure de leur développement le
nombre de personnes adhérant aux sociétés coopératives de
consommation (je dirai tout a I’heure pourquoi je ne regarde que
celles-ci), nous constatons que le nombre de ces coopérateurs en
totalisant les pays du Sud sus-indiqués, ne dépasse guére trois
millions. On ne peut le fixer qu’ & un million pres, mais cette
incertitude méme est déja une marque d’infériorité, car elle
indique un manque d’organisation et un état de dispersion des
sociétés qui ne permet pas de dresser une statistique. Elle révéle
aussi I'indifférence des sociétés locales qui ne se font pas connaitre,
vivent en sauvages, et ne prennent pas la peine de répondre aux
questionnaires qui leur sont envoyés par les fédérations centrales
et par les administrations publiques. On peut dire que lin-
certitude des renseignements sur la population coopérative est un
des critériums les plus stir du degré d’avancement du mouvement
coopératif. En Suisse et en Angleterre, elle est presque parfaite
et réguliérement tenue & jour. En France, elle est encore assez
incertaine et toujours en retard de trois ou quatre années.
Dans les pays que je viens d’énumérer, on n'a que quelques
chiffres dispersés. Meme en Italie, qui est le plus avancé de beau-
coup de tous ces pays au point de vue coopératif, jamais on
n'est arrivé a établir une statistique exacte des sociétés
coopératives, malgré de nombreuses tentatives faites par la
Fédération centrale et par Administration publique. On n’en
a publié que de fragmentaires, et depuis les derniers événements
par suite de la désorganisation qui est résultée du coup d'état
fasciste, c’est ignorance absolue.
On peut trés grossiérement évaluer pour I'Ttalie le nombre des
membres des coopératives de consommation a 1 million (encore ce
chiffre doit étre réduit depuis le fascisme) ; pour la Roumanie, &
300.000; Espagne, 80.000; le Portugal, la Gréce, la Bulgarie, la
Serbie-Croatie 4 peut-étre une centaine de mille, au total. Si
méme, for¢ant un peu le chiffre pour arriver 2 1.500.000, nous
comparons ce chiffre, soit a celui de la population de ces pays,
soit & celui des coopérateurs européens dans leur ensemble, nous
serons frappés en voyant combien il est misérable. Le nombre