PRÉFACE
doit se consacrer à la double tâche. lly a des colonies
parce qu'il y a une marine. Il y a une marine parce
qu’il y a une France. Aucun pays riverain de la mer ne
peut rester sans flotte, et, ayant une flotte, ne peut
rester sans colonies. Coloniser, c’est, pour un peuple,
une façon d’être. Naviguer, c’est agir. Navigation et
colonies sont une forme de l'existence nationale. Le
premier ministère colonial est donc un ministère
national : c’est la marine.
La seconde phase de l'administration coloniale
relève du commerce. Pourquoi des colonies, sice n'est
pour y trouver des matières d'échange, surtout ces
matières rares que ne produit pas le sol métropoli-
tain, l’or, les épices. Tel est, le premier appel qui
donne l’élan colonial. Mais, bientôt, de l'occupation,
naît la culture, puis l'exploitation, puis la collabora-
tion avec les indigènes, l’union, le mélange des races,
et je ne sais quel sentiment d’élargissement des pos-
sibilités nationales. M. Duchêne cite cette parole de
Montesquieu où tout est expliqué d'un trait de feu :
« La conquête est une acquisition; l'esprit d’acquisi-
tion porte avec lui l'esprit de conservation et d'usage,
et non pas celui de destruction. » La conservation et
l’usage; donc le profit mutuel. L'esprit de colonisation
étant d'abord une nécessité d’expansion, devient ensuite
un esprit de commerce, et l’administration coloniale
doit passer nécessairement par une phase commer-
czale.
Marine et commerce! Mais voilà que l'expansion et
le commerce se heurtent aux résistances extérieures. La
conquête navale ou militaire ne porte pas, en soi-même,
sa propre finni sa propre sanction, et le commerce ne