152 L'EFFACEMENT COLONIAL DE LA FRANCE
Decrès, « que les localités du ministère de la Marine
suffisaient pour tous les bureaux, quand nous avions une
administration depuis Hambourg jusqu’à Corfou, même
avec Rome et le royaume d’Italie, même avec Dantzick;
elles doivent donc suffire à présent; ainsi chacun doit se
replacer comme il l’était, lorsque je quittai le ministère ».
Mais, dans la lassitude générale que la France éprouve,
et que Napoléon lui-même n’arrive pas à dominer malgré
le prestige et la popularité dont il jouit, il semble que l’es-
prit de sacrifice se soit affaibli. Les Colonies ne se résignent
plus à un discrédit extérieur, inséparable de l’abandon et
de l’oubli. C’est Poncet qui se fait l’écho de leurs protesta-
tions. Chef de la division des Colonies au ministère, où il a
remplacé Guillemain de Vaivre, après lui avoir été adjoint,
il adresse au ministre, le jour même où il a pris sa décision,
c’est-à-dire le 7 avril, un rapport*, dont certains passages
doivent être cités, car on y voit apparaître comme un cri
de détresse de nos possessions auprès du pouvoir central :
« En 1802, écrivait Poncet, lorsque je fus appelé par le
ministre à la division des Colonies, elle était établie depuis
plusieurs années dans toute l’aile du bâtiment où elle se
trouve aujourd'hui, et le bureau des sous-officiers et sol-
dats était en outre à l’entresol. Au mois de juillet 1810,
quand le Conseil de Marine fut créé, nous n’avions plus que
l’Ile de France; le personnel de la division des Colonies était
réduit à une poignée de sujets; il parut simple de destiner
à ce Conseil l’aile de bâtiment qu’oceupait la division, et
de transporter les papiers de celle-ci dans quelques pièces
qui étaient libres au 3° étage. — Au retour de la paix
maritime, la division des Colonies, accrue de nouveaux
sujets, appelée aux nouveaux rapports de service que cette
administration exige, a repris possession des pièces qu’elle
avait auparavant et si longtemps occupées. — Aujourd’hui
ne pourrait-on pas ajourner le bouleversement de ses
papiers, les faux-frais que ces déplacements entraînent,
jusqu’à ce que le Conseil de Marine exige de pareilles
1. Ge rapport, ainsi que la décision du ministre Decrès, sont conservés
dans les Archives du ministère des Colonies. Correspondance générale.