220 LE MINISTÈRE DE L'ALGÉRIE ET DES COLONIES
Commerce, le ministère des Travaux publics, et le ministère
de l’Instruction publique. C’était le système des rattache-
ments qui triomphait, malheureusement pour de bien lon-
gues années.
Toutefois, quand on prétend ainsi rétablir le passé, on
ne peut rayer d’un trait de plume les événements qui se
sont accomplis, ni en effacer le souvenir. Celui que laissait
le ministère de l’Algérie et des Colonies demeurerait cher
à beaucoup et ne pouvait être odieux à personne ; il allait
s'embrumer de légende. L'expérience s'était écourtée, non
du fait des résultats qu’elle donnait, mais à cause de la
volonté changeante, à cause du caprice des hommes. Elle
eût été concluante, si elle avait duré, et certainement
alors l'institution aurait été définitivement adoptée. Celui
qui pouvait assurer le succès de l’entreprise, et celui-là
seul peut-être à une époque où l’on pensait surtout à
l’Europe, c’était l’homme dont l’empereur avait en vue la
personne lorsqu’il décidait, en 1858, de créer un nouveau
ministère, c’était le prince Napoléon. Or celui-ci n’avait
ni la ténacité qui s’imposait, ni, dans l’application, un
certain sens de la logique, auquel des vues initiales, même
justes, ne sauraient suppléer.
Il était d'humeur changeante, fantasque même, et, la
patience lui étant insupportable, il était vite lassé, rebuté.
La tâche qu'il avait assumée devait, dans une période
transitoire surtout, rencontrer infailliblement des‘ obsta-
cles; d’autres auraient pris à cœur de les surmonter: tel
qu’il était au contraire, à la première complication, il se
tourna d’un autre côté, lui, le prince, qui semble bien
n’avoir jamais cherché le pouvoir pour lui-même, et dont
le titre de ministre n’ajoutait rien à la qualité d’altesse
impériale. De tendance libérale, il prétait volontiers
l’oreille aux doléances qui venaient jusqu’à lui; il les
accueillait sans discernement, il les’ aurait satisfaites en
négligeant toute mesure. Dans un désir de réaction contre
le régime militaire de l’Algérie, qui, répondant d’abord à
d’autres obligations, n’avait pas satisfait toujours colons et
indigènes, il eût été facilement injuste; il y aurait eu