226 INERTIE FORCÉE. INERTIE VOULUE
qu’en 1858, comme un de ces suppléments d’attributions
qu’on accepte faute de mieux. Nos possessions avaient eu
la certitude, pendant plus de deux ans, d’avoir au sein
des conseils du gouvernement un représentant dont la
tâche directe et exclusive était de pourvoir à leurs inté-
rêts. Elles perdaient cet avantage. Peu nombreux et con-
finés à nouveau dans une section du ministère de la Ma-
rine, les fonctionnaires de la direction des Colonies auraient
à compter, dans la maison même, avec les comités techni-
ques et les services généraux. Leur bonne volonté risquait
d’être inutile, leur esprit d’initiative d’être paralysé; pour
surmonter les obstacles d'ordre intérieur et purement admi-
nistratif qu’ils étaient exposés à rencontrer, il leur faudrait
une opiniâtreté, une force de résistance peu communes.
C’était, pour la direction des Colonies, une raison perma-
nente de faiblesse; elle devait subsister aussi longtemps
que les bases mêmes de l’organisation qu’on venait d’adopter,
ou mieux de rétablir, c’est-à-dire durant de nombreuses
années. Mais, pendant la seconde partie du règne de Na-
poléon III et pendant les premières années de la troisième
République, il s’y est ajouté des causes particulières d’im-
puissance ou d’immobilité, involontaire d’abord, concertée
ensuite. Il n’est pas douteux que ces diverses circonstan-
ces, durables ou momentanées, ont neutralisé les intentions
généralement bonnes, sinon les vues toujours justes, des
représentants de l’administration coloniale, et même, dans
le gouvernement de l’époque, un désir, parfois une velléité,
d’action plus large et de politique moins effacée. Où donc
et comment ces projets avaient-ils à se manifester, en dépit
des hésitations que l’on rencontrait en France, ou des évé-
nements qui s’y accomplissaient? Sans qu’il y ait lieu de
s’arrêter au détail des faits, un coup d’œil d’ensemble est
ici nécessaire.
ii
C’était toujours en Indochine, en Afrique, en Océanie,
qu’il pouvait être question, soit d’étendre, soit d’affermir.