LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIRES. RICHELIEU
L’événement sans doute était de conséquence, mais ne
s’isolait pas, dans la pensée de Richelieu, de tout un plan
d’ensemble qui pût assurer une action efficace à la surin-
tendance générale de la navigation et du commerce. Il
était entraîné par la force des choses à constituer près
de lui avec un Conseil de Marine, créé dès 1624, et des
archives qui seraient tenues en bon ordre, un personnel
capable de préparer les décisions du roi, et d’y ajouter
les instructions les plus propres à en assurer l’exécution.
Dans ce premier essai d’organisation, il est difficile de ne
pas voir, pour le Ministère des Colonies, comme pour celui
de la Marine, les origines et les débuts de leur institu-
tion.
Qu'on ne s’y méprenne pas néanmoins : la centralisation
que Richelieu souhaitait de réaliser ne pouvait être d’abord,
et ne fut, qu’assez élémentaire et des plus imparfaites.
Elle n’exista guère, aux côtés du roi, de façon constante,
qu’en la personne du cardinal, de 1626 jusqu’à sa mort.
En obtenant la suppression de la charge d’amiral, Riche-
lieu avait, en effet, jugé nécessaire de distinguer, division
qui lui paraissait faciliter l’action gouvernementale, ane
marine du Ponant-et-une marine du Levant. La première
fut placée sous les ordres de Nicolas Potier d’Ocquerre,
que Claude Bouthillier, sieur de Pons !, remplaça dès 1628,
st la seconde sous ceux de Le Beauclerc ?, sieur d’Achères.
L’un et l’autre avaient rang de secrétaire d’État, mais,
en cette qualité, ils n'avaient, sur la marine du Ponant et
sur celle du Levant, que des attributions supplémentaires,
pour ne pas dire accessoires. Le Beauclere a les finances
pour domaine principal, tandis que d’Ocquerre, et, après
faire occuper Brest par les troupes royales, et à se faire nommer lieutenant
de la Reine-Mère à Brouage. Cf. même ouvrage, t. VI, p. 819.
1. Potier d'Ocquerre, qui fut président de la Chambre des Comptes, puis
secrétaire d'Etat en 1622, mourut au siège de La Rocheile.
2. Le nom de Le Beauclere, ou De Beauclere, qui fut intendant des fi-
nances, puis secrétaire d'Etat, a été souvent à tort dénaturé en celui de Le
Beaucle. — Cf. Dagnaud, op. cit, p. 7; l'erreur est d’ailleurs commise
dans la liste des Ministres et Secrétaires d’Etat que l'on trouve dans l'An-
quaire du Ministère de la Marine. Elle est rectifiée au contraire dans les
Mémoires du Cardinal de Richelieu, publiés pour la Société de l'Histoire de
France, t. VI, np. 73.