CRÉATION D'UN MINISTÈRE SPÉCIAL DES COLONIES 259
duré, il est vraisemblable que bien des aspérités se seraient
adoucies; la meilleure organisation d’un ministère n’est-
elle pas toujours celle qui a le mérite d’exister, et d’avoir
assoupli peu à peu les habitudes, celles des fonctionnaires
comme celles du public? Mais alors l’expérience fut incom-
plète, on peut dire même presque nulle. Quelques semaines
en effet s'étaient à peine écoulées qu’une crise ministérielle
rappelait au pouvoir Delcassé, cette fois comme ministré
des Colonies. Le nouveau chef de l’administration coloniale
avait, sur l’organisation du ministère, des conceptions un
peu différentes, qu’il tint aussitôt à mettre en application ;
en même temps, il désira retrouver près de lui ses colla-
borateurs habituels.
C’est ainsi que, par un décret du 28 juillet 1894, quelques
modifications furent introduites dans la constitution des
services du ministère des Colonies. Les trois directions
furent maintenues avec de nouveaux titulaires!, mais la
première fut dégagée des questions de personnel. Celles-ci
furent rattachées à un service spécial, le service du « per-
sonnel et du secrétariat ». Organisation qui, du reste,
n’était pas définitive encore, et que bien d’autres vicissi-
tudes attendaient. Il serait même oiseux de retracer pas à
pas les diverses étapes de ces reconstitutions fréquentes.
I] semble y avoir, en somme, quatre systèmes entre lesquels
on ‘ait longtemps oscillé. On peut instituer ou supprimer
une direction du personnel?, on peut répartir l’administra-
tion générale selon la nature des affaires, politiques d’une
part, économiques de l’autre; on peut au contraire les
1. MM. Jacques Haussmann et Billecocq remplacèrent respectivement
MM. Bienvenu-Martin et Houette. MM. Jean-Louis Deloncle et de Lavais-
sière de Lavergne furent nommés sous-directeurs. Le général Bourdiaux
resta directeur de la défense. M, Elisée Becq, cheï de cabinet, était en même
lemps chef du service du personnel et du secrétariat. L'année suivante,
MM. Haussmann et Billecocq, le premier nommé trésorier-payeur général, le
Second admis à la retraite, étaient à leur tour remplacés par M. Roume, alors
maître des requêtes au Conseil d'Etat, et par M. de Lavaissière de Lavergne.
Ce dernier, depuis quelques mois sous-directeur, appartenait à une famille
dont on arencontré le nom dans la constitution du ministère del’Algérie et des
Colonies. M. Deloncle entrait au Conseil d'Etat comme maître des requêles.
2. Cf. Décret du 10 octobre 1907,
3. Cf. Décret du 20 février 1896.