12 ‘ LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIRES, RICHELTEU
pouvaient négliger, dans l’exercice de fonctions aussi
diversifiées que les manifestations intérieures ou exté-
rieures de la vie du pays. Aussi ne doit-on pas s’étonner
qu’il soit à peu près impossible, au hasard des noms
venus jusqu’à nous, d’en identifier certains à coup sûr,
comme s’appliquant à ceux qui furent, dans l’entourage
du cardinal et des secrétaires d’État, le plus directement
associés à l’œuvre coloniale de Richelieu.
[Il
On ne peut que le déplorer, car jamais œuvre semblable
ne fut, avec les moyens dont on disposait alors, et toutes
proportions gardées, plus laborieuse, plus habile, ni plus
féconde. L’effort que l’entreprise représente, si l’on en
considère les principales étapes, dut être persévérant et
soutenu, car on n’aperçoit aucune défaillance jusqu’à la
mort du cardinal. Il est même impossible que Richelieu
n’ait pas trouvé près de lui, dans une tâche aussi neuve,
des inspirations et des conseils. On a cité le nom d'Isaac
de Razilly!, dont l’expérience du négoce, tel qu’on le pra-
tiquait hors de France et outre-mer, lui fut certainement
utile. Mais cette intervention, cette assistance éclairée, de
Razilly, fut-elle la seule? C’est fort improbable, et c'était
même impossible, bien que Richelieu, comme Bouthillier,
Le Beauclerc, ou leurs successeurs, eussent des collabora-
teurs généralement d’ordre secondaire, et peu nombreux,
car l’œuvre allait toucher à la politique extérieure et inté-
rieure de la France, influencer des intérêts à la fois moraux
st matériels.
C’est même en cela qu’elle fut habile. Le traité de
Vervins de 1598 avait prévu, dans une clause secrète,
qu’à l’ouest d’une ligne tirée de l’île de Fer et joignant
1. Razilly, Chevalier de Malte, devint vice-roi de la Nouvelle-France, et
lut certainement en rapports personnels avec Richelieu bien avant cette
nomination. — Cf. Mémoires du Cardinal de Richelieu, publiés pour la
Société de l'Histoire de France, t. III, p. 168. — Claude de Razilly, son
frère, dit Launay-Razilly, servit également dans la marine. — Ci. même
ouvrage, t. V, p. 167, note 2.