LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIRES. RICHELIEU 13
Pun et l’autre pôles Français et Espagnols pourraient.
fût-ce de vive force, se livrer à des entreprises concur-
rentes, sans que leurs gouvernements eussent à en tirer
grief 1. Mais il était inévitable qu’en multipliant les causes
de conflits au delà de cette ligne, dite « ligne des Amitiés ».
les tentatives coloniales de la France finissent par com-
pliquer ses rapports avec l’Espagne. Dans l’Amérique du
Nord, les rivalités s’accentuèrent plus vite encore entre
Français et. Anglais. Québec fut pris en 1629, et c’est
seulement en 1632 qu’Isaac de Razilly” le réoceupa au
nom de la France, ainsi que l’Acadie et Cap-Breton. Inter-
mittent ou durable, l’état de paix armée, sinon l’état de
guerre, que ces compétitions suscitaient, ne pouvait laisser
indifférent le gouvernement de France. On était obligé de
le prévoir, et d’en peser toutes les conséquences, pour les
faire tourner à notre avantage. Durant une longue période,
toute la politique extérieure du règne de Louis XIII fut
dès lors en rapport étroit avec des projets coloniaux qui
d’abord avaient été conçus de façon plus ou moins vague,
mais qui se précisaient peu à peu. Seul, à vrai dire, Riche-
lieu eut un programme clair3, et seul il voulut le réaliser
du jour où, en 1626, il devint surintendant général de la
navigation et du commerce. Sa politique intérieure ne
pouvait de même que subir le centre-coup d’une poussée
vers le négoce, vers des établissements dans des pays
lointains, mais alors l’élévation du but que l’on se pro-
posait ne faisait que seconder et fortifier ses vues géné-
rales sur le gouvernement de la France.
Il était ainsi tout à fait conforme aux projets de Riche-
lieu d'attirer vers le commerce d’outre-mer, sans s’exposer
à perdre ses honneurs et privilèges, une noblesse qui trop
souvent était dans l’alternative, ou de végéter sur ses
1. Cf. Louis Pauliat, La politique coloniale sous l’ancien régime, p. 32 el
Suivantes, 176 et suivantes.
2. Cf. ci-dessus la « commission » qui lui fut donnée dans ce but le
27 mars 1632. — Document cité d’après les manuscrits conservés dans les
Archives du Ministère des Affaires Étrangères.
8. Il entendait « montrer aux Anglais qu’ils n'étaient pas rois de la mer ».
= Mémoires du Cardinal de Richelien. édition Pelitot, Paris, 1828, t. V.