28 — LES CONTINUATEURS. COLBERT ET LES PONTCHARTRAIN
tition des affaires entre les ministres est mal établie, il est
même tout naturel que l’on puisse passer d’un ministère à
l’autre, mais parce qu’un secrétaire d’État le désire,
et non parce que des aptitudes particulières le commandent.
Il n’y a pas, à proprement parler, de spécialistes. L’un
des collègues de du Fresne aux Affaires Étrangères, Ariste,
servit quelque temps sous les ordres de Colbert à la
Marine. sans que les motifs en soient connus}.
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Le seul moyen qu’on aperçût alors de stabiliser le per-
sonnel eût été de stabiliser les charges. On y songea
certainement; rien n’était plus facile que de créer des
offices, dont la vénalité même, puisqu’on en admettait
ailleurs le principe, pouvait toujours être, en des heures
difficiles, l’un des aspects les plus tentants. On voulut
instituer ainsi, auprès des secrétaires d’État, en 1694,
quatre offices de commis, qu’on supprima presque aus-
sitôt”. Les commis, maitres de leurs charges, eussent été
plus puissants que les ministres. À cette époque du reste
Colbert n’était plus de ce monde, et, de son vivant, il lui
suffisait, pour tirer parti de son pouvoir utilement, des
moyens dont il disposait.
Il avait l’autorité, et il entendait l'exercer. La surinten-
dance de la navigation et du commerce avait disparu;
l’amiral de France, prince du sang, n’avait guère que des
prérogatives honorifiques. À partir de 1669, Colbert a,
dans la limite des attributions que le roi lui a données, la
plénitude du pouvoir; il est vraiment ministre, pour les
affaires coloniales comme pour les affaires maritimes.
Quand il s’agit des possessions lointaines de la France,
c’est à lui qu’on s'adresse; lui seul agit au-nom du roi
gt sous l’autorité du roi. À partir de 1669. il n’y a plus.
1. Cf. Camille, Georges Picavet, « Les commis des Affaires étrangères au
lemps de Louis XIV (1661-1715) », Revue d'Histoire Moderne. avril-mai 1926.
p. 105.
9, Ihbid., p. 119.