nous devons le garder pour assurer du travail
à nos ouvriers.
— Mais est-il besoin pour cela de les prêter
à l'étranger ?
— Hélas ! oui. Vous savez bien qu’en dépit
de ce que croient beaucoup de gens, la France
ne se suffit pas à elle-même. Elle doit acheter
chaque année au dehors des quantités consi-
dérables de blé, de charbon, de pétrole, de
coton, de laine, etc…, que son sol ne produit
pas ou produit en quantités insuffisantes. Or,
elle ne peut payer ses importations qu’avec ses
exportations.
« Tous les grands pays industriels d’Europe
sont d’ailleurs dans le même cas. Avant la
guerre, ils vendaient une quantité énorme de
marchandises dans les pays d’outre-mer, et par-
ticulièrement en Amérique. Mais aujourd’hui
les Etats-Unis, non seulement n’importent plus
d'Europe des produits fabriqués (à part quelques
objets de luxe), mais encore ils sont devenus
exportateurs et envahissent de plus en plus les
marchés de l’Extrême-Orient et de l’hémisphère
austral. La Grande-Bretagne a beaucoup de mal
à défendre contre eux le marché de ses Domi-
nions et de ses colonies ; et elle tend à nous le
fermer le plus possible à l’aide de tarifs préfé-
renticls.
Si bien que nous autres, continentaux. nous
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