moi, comme petit porteur de fonds russes, je
ne suis pas très satisfait. Je vois bien que nos
industriels recevront des commandes, que les
Soviets vendront du pétrole, et que je toucherai
sans difficulté le quart de ce qui n’est dû. Mais
on me demande de renoncer à tout le reste.
Et je ne m’y résigne pas.
« J’entends bien : vous me dites que l’Etat
français ne traite pas mieux ses rentiers d’avant
guerre. Grâce à la dépréciation du franc-papier,
il ne leur verse, en valeur or, que le quart de ce
qu’il leur doit. Mais je ne saurais admettre qu’il
soit pris pour modèle et que, sous prétexte que
j'ai eté volé par Pierre, Paul soit autorisé à en
faire autant. J’ajoutce qu’il m’est moins dur de
payer cette écrasante et ruincuse contribution
à la France, qui est mon pays, qu’à la Russie
à laquelle je suis complètement étranger.
— Mais alors, que désirez-vous ?
—-'Je veux que les Soviets s'engagent d’abord
à payer la totalité de leur dette. J'admets que,
pour le moment, ils.ne peuvent pas payer l’an-
nuité de 240 millions de francs-or qui leur
incombe. S'ils ne peuvent verser que 60 mil-
lions cette année et les prochaines, je me con-
tenterai de Go millions, mais à condition que
ce soit à titre d’à-compte ; et que l’annuité aug-
mente à mésure que croîtra la capacité de paye-
ment de nos débiteurs.
_