104 LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES
sions et territoires et de ses douanes, et néanmoins leur payer
change, rechange et intérêt à 25, 30, voire à 5o pour cent, dévo-
‘ant une grande part de son trésor des Indes.
Le plus grave, c’est que les trente dernières années du
règne vont être remplies surtout par la rébellion des Pays-Bas
st que, véritable coup de folie, les envoyés du roi vont s’achar-
ner contre Anvers. De ses propres mains le duc d’Albe a con-
:ribué à déplacer vers le Nord, vers Amsterdam, le centre de
l’activité économique européenne. La rapidité avec laquelle
ane place s’est substituée à l’autre est un des étonnements de
l’histoire.
En France, la crise de Saint-Quentin est immédiatement
suivie par l’explosion des guerres religieuses. Or la ville de
Lyon, par sa position géographique, était particulièrement
exposée. Elle est occupée, assiégée, saccagée tour à tour par
les catholiques et les huguenots, menacée par tous les enne-
mis de la France, en première ligne par le duc de Savoie.
Malgré tout, la place conserve une importance réelle comme
marché des changes, et encore en 1573 Nicolay emploie les
couleurs traditionnelles pour célébrer les foires lyonnaises.
Seule une étude minutieuse des archives locales nous appren-
drait comment elles se sont acheminées vers la vie ralentie
dont elles vécurent au xvn° siècle, comment peu à peu y dis-
parurent les filiales des banques italiennes. Au reste la paix
du Cateau, en amenant l’hispanisation de l’Italie, avait porté
un coup fatal aux institutions financières de la péninsule.
Telle est, dans ses linéaments essentiels, l’histoire de cette
crise, qui interrompit brusquement l’évolution économique
des temps modernes. Il serait intéressant de rechercher les
liens qui peuvent exister entre cette crise financière et l’autre
crise qui, d'abord limitée à l'Espagne et à l’Italie, se dé-
chaîne après 1560 sur fa France et plus tard sur l’Angleterre.
puis sur teute l’Europe : la révolution des prix.