Il
LES ORIGINES DU PROBLÈME
DES MATIÈRES PREMIÈRES
S'il est un problème qui paraît neuf, up to date, bien
« vingtième siècle », c’est assurément celui des matières pre-
mières. L'organisation de la grande industrie mécahique, à
production ininterrompue, l’a posé dans toute son ampleur,
AVec toutes ses redoutables conséquences. On en eut comme
Un avant-goût, au milieu du siècle ‘dernier, lorsque la guerre
de Sécession, en bloquant dans les ports confédérés le coton
du Sud, priva brusquement de leur nourriture habituelle les
millions de broches du Lancashire, de la Normandie, de
l'Alsace, de la Saxe. Famine du coton, cela voulait dire la
famine pure et simple pour des centaines de milliers d’ou-
vriers européens, pour leurs femmes, pour leurs enfants. II
s'en fallut de peu que cette famine n’amenât une tension
dangereuse entre les Etats nordistes et leur ancienne métro-
pole. Et il est remarquable que l’une des premières victoires
de la procédure arbitrale, l'affaire de l’Alabama, se rattache
indirectement à cette lutte pour le coton américain.
Mais, si pénible que fût pour l’Europe la famine coton-
nière des années 1860-65, elle n’était pas, de la part de l’Union
fédérale, l'effet d’un’ plan concerté. Le désir que pouvaient
avoir les usines naissahtes des Etats du Nord de se réserver
leur part de la production du Sud ne jouait en cette crise
qu’un rôle minime, parce que le Maine et le Massachusetts
Ne pouvaient absorber alors qu’une très faible part de la pro-
duction cotonnière des Carolines. On sait combien. les choses