LE PROBLÈME DES DÉBOUCHÉS . . 23
— Qu'il peut en tirer tant d’exemplaires: Après quoi, il en
vendra aux prochaines foires de Lyon, il en remplira des
tonneaux que ses correspondants emmêneront en ‘Espagne ;
Îl eh enverra surtout à la grande foire du livre, celle. de
Francfort. Ses nouvelles productions figureront sur des cata-
logues, souvent avec des prix fixés à l’avance. Car, contraire-
ment'à ce que l’on dit parfois, la publicité est déjà née.
Îl se produit même alors, ce qui contrarie nos idées toutes
faites, une industrialisation et une .sorte de démocratisation
des objets artistiques. N’est-ce pas une nouveauté caractéris-
tique de voir les tapisseries flamandes, les traditionnels arazzi,
devenir, vers le milieu du xvr siècle, un article régulier d’ex-
portation, si bien qu’on achète à Anvers tant de longueurs
de « bocages » ou de « vies de saints »? Et M. Goris nous ré-
vèle qu’à la Bourse de la même ville les peintures se vendent
par séries. On les expédie en gros en Espagne: L'art flamand
descend au rang d'industrie, et qui cherche un:marché.
Dès lors, à la lutte pour l’acquisition des matières s'ajoute
là lutte pour la conquête des débouchés.
Elles ne peuvent se concevoir indépendamment l’une de
l’autre. Les caravanes qui, des ports égyptiens de la mer
Rouge, apportaient à Alexandrie pour les galères vénitiennes
les produits d'Orient, ces caravanes ne faisaient pas à vide le
Voyage de retour, Et si, vers 1504, on s'aperçoit que les épices
deviennent rares et plus chères ‘sur le Rialto que sur les
bords du Tage ou dans le centre de distribution que Lisbonne
s’est créé dans le Nord, à Anvers, le commerce vénitien d’ex-
Portation n’est pas atteint moins cruellement. Atteinte d’au-
tant plus sensible que le commerce du Levant se compose sur-
tout, à l’importation, de produits de haute valeur‘ spécifique
êt entraîne au retour un drainage de mélaux précieux ; il y à
donc’ un grand avantage à augmenter, à l’exportation, la
quantité des marchandises européenhes, de façon à réduire
les sorties de monnaies.
C’est ce que font les‘ Portugais, en chargeant Sur leurs
flottes. des métaux usuels, jusqu’à du cuivre que les ban-
Quiers d’Augsbourg ont fait venir de Hongrie par Dantzig, ou
du mercure d’Iädria, dé l’étain — alors l’étain allait des Cas-
sitérides à Malacca l'— des projectiles d’artillerie, des maté-
Tlaux pour les constructions navales. des céréales, des tissus