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PROBLÈME MONÉTAIRE ET PROBLÈME DES PRIX
Lorsque l’on étudie dans le passé quelques-uns des pro-
blèmes économiques auxquels nous sommes habitués, par
exemple le problème des matières premières ou celui des dé-
bouchés, la difficulté est le plus souvent de faire comprendre
Tue ces questions se sont posées, en des termes différents
Mais analogues. dans les temps antérieurs au nôtre.
Pour le problème monétaire, la difficulté est presque in-
‘erse, ou du moins elle eût paru telle avant 1914. Quand on
parlait alors devant des étudiants originaires de l'Europe oc-
‘identale ou centrale ou de l’Amérique du Nord, habitués à
Une monnaie saine et stable, il était malaisé de pénétrer avec
eux dans les arcanes de la monnaie de compte, de leur faire
Comprendre les variations de la livre tournois ou du shilling.
Une expression comme celle-ci : tant de livres, à telle date,
étaient taillées au marc, nécessitait un ample commentaire.
Ce commentaire est superflu aujourd’hui. Nous avons si bien
ässisté, sur le continent, à une rupture de toute solidarité
sitre la monnaie de compte et les espèces métalliques, nous
avons si bien vu, dans un même bloc d’or, « tailler », c’est-à-
dire émettre pour une même valeur or des quantités variables
de francs, de lires ou de couronnes-papier que ces notions
Nous sont devenues familières. Comment nous étonner de
lire chez Gresham que la livre sterling, acceptée à Anvers au
début du règne de Henri VIII pour 26 sh. 8 pence, ne valait
Plus en 1551 que 16 sh., en 1558 que 13 sh. 4 d.? Ne parlons-
NOUS pas, couramment, du « franc à cinq sous »? Ici, c’est
donc le phénomène actuel qui nous aide à comprendre les
Phénomânes anciens.