Full text: Les origines historiques des problèmes économiques actuels

LE CAPITABISME COMMERCIAL ET BANCAIRE 43 
fortune. Les banquiers se faisaient adresser par. leurs services 
de correspondance des notes, avvisi ou zeylungen, donnant 
l’état du marché de l’argent sur les diverses places où ils 
avaient des agents ; les Fugger en particulier avaient admira- 
blement organisé ce service de nouvelles, d’où devaient sortir 
nos journaux. Et l’on comprend que des financiers malhon- 
nêtes pouvaient répandre de fausses nouvelles, ce que nous 
appellerions des bruits de bourse. Quelques-uns de ces aigre- 
fins sont restés célèbres, comme, à Anvers, Gaspar Ducci. 
Au xvn° siècle, Jacques Savary, dans son Parfait négociant 
de 1675, expose la théorie des changes avec une remarquable 
exactitude. Je ne m'arrêterai pas sur ce personnage, auquel 
j'ai consacré une étude. En m’appuyant sur ses renseigne- 
ments, j'ai essayé de démontrer que, durant tout le règne du 
Roi-Soleil, le change français avait été déprécié sur les mar- 
chés de Londres et d’Amsterdam. C’est peut-être l’explication 
définitive de l’échec de Colbert, de la ruine de la France et 
de la défaite finale. Louis XIV a vécu tout son règne avec une 
valuta dépréciée. 
La matière des changes était encore plus difficile lorsqu'il 
S'agissait des pays du lointain outremer. Tout récemment, 
M. Sayous a étudié la question pour les colonies espagnoles. Il 
Montre que les lettres de change sur le Mexique, bien qu’il 
S’agit de monnaies identiques à celles de la métropole, per- 
daient environ 15 %, parce que les affaires se faisaient au 
Moyen de crédits et qu’il fallait en outre tenir compte des. 
lisques. Nos marchands, qui négociaient avec l’Amérique par 
l’intermédiaire de l’Espagne, faisaient entrer cette perte dans 
leurs calculs. 
Durant la Révolution française, le phénomène bien connu 
de la dépréciation des assignats à souvent masqué, aux yeux 
des historiens, le phénomène des changes. Mais un jeune 
érudit hollandais, M. Manger, dans une étude sur les relations 
commerciales entre la France et les Provinces-Unies, a fort 
bien réussi à mettre en lumière ce point essentiel : en dehors 
de la valeur-or de l’assignat, qui finit par tendre vers zéro, il 
y à lieu de tenir compte des fluctuations des valeurs françaises 
sur le marché d’Amsterdam. Cette distinction, à laquelle nous 
sommes aujourd’hui habitués et qui éclaire la théprie mo-
	        
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