96
DEUXIÈME PARUE.
guérir cette plaie, aux emprunts contractés en nu -
méraire pour reprendre le payement en espèces,
ils voulaient donc appauvrir la Russie en la pri
vant de ce précieux instrument dont elle a pu à
plusieurs reprises apprécier déjà le principal bien
fait, la hideuse banqueroute l II est vrai qu’ils n’a
vaient pas fait encore la découverte que l’on thésau
risait billets, sans valeur intrinsèque aucune,
et dépourvus de tout revenu I II faut le reconnaître,
si les Russes se livrent à cette fantaisie et s’ils y
consacrent des milliards, la Russie n’est pas un pays
comme un autre, et le capital n’y rencontre guère
d’emploi. En admettant pour le moment, d’accord
avec une tiction hardie, que près de 2 milliards de
billets se trouvent ainsi gardés en réserve, que de
viendrait la circulation le jour où ils en tripleraient
la masse effective, alors que, lassés de leur inacti
vité, ils ne pourraient ni s’écouler sur les marchés
étrangers, ni être utilisés sur le marché intérieur?
De toutes les suppositions, celle imaginée par l’ar
ticle du Journal de Saint-Pétersbourg est sans con
tredit la plus extraordinaire et la plus périlleuse.
Vers la fin de décembre 1803, les hommes qui
s’occupent des questions d’économie et de finances
se sont réunis à Saint-Pétersbourg pour discuter
ces graves problèmes. Ils n’ont point partagé des
illusions naives, si elles sont sincères. Ils ont dé
ploré la nouvelle nécessité qui faisait suspendre