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PREMIÈRE PARTIE.
exige aussi des lumières qui font défaut. Les fer
miers un peu aisés et entreprenants sont une classe
presque inconnue; le tiers état agricole existe
moins encore que le tiers état des villes. Ln un
mot, la Russie est pauvre. Comment ne souffrirait-
elle pas d’une charge aussi lourde que celle d’un
budget de dépenses de plus de 1 milliard 3ü0 mil
lions? Celui-ci ne se borne point^comme dans les
Etats de l’Occident, à prélever une partie de l’excé
dant des profits, sans cesse accru par le rapide
mouvement de la production : il s’attaque à la sub
stance même du travail, il dévore tous les germes
de l’accroissement du capital d’entreprise et d’ex
ploitation, sans lequel les nations se trouvent
désarmées. Le sol, mal cultivé, ne donne que des
récoltes misérables; les voies de communication
ne se développent qu’avec lenteur, car les capitaux
étrangers, attirés un moment par de brillantes
promesses, se retirent d’un emploi qui ne présente
ni grand avantage, ni sécurité sufüsante; la fabri
que languit et les échanges déclinent.
La Russie est pauvre : nous croyons cependant
qu'on n’a pas toujours rendu justice aux efforts
tentés par l’administration pour la faire riche. On
a rendu le gouvernement responsable d’un mal
dont il faut chercher les causes ailleurs et plus
loin. Sans doute, des fautes ont été commises : la
corruption, cette plaie honteuse qui ronge toutes