24 PREMIÈRE PARTIE.
pour exprimer sa pensée au moyen d’une méta
phore hardie, l’écrivain ajoute : « C’est seulement
à une époque toute moderne qu’on s’est figuré qu’il
suffirait de fabriquer une paire de bottes pour
faire marcher qui n’a pas de jambes. »
S’il est certain que la Russie produit peu, il ne
l’est pas moins aussi quelle dépènse beaucoup :
particuliers et gouvernement marchent de pair
sous ce rapport; l'épargne, cette vertu des peuples
qui grandissent, ne compte guère d’adeptes ni eu
haut ni en bas de l’échelle sociale, et, pour juger de
la situation des masses, il suffit de se rappeler que
l’impôt sur l’eau-de-vie fournit à lui seul plus du
tiers du budget des recettes de la Russie, alors que
l’impôt des boissons ne représente guère que le
dixième du budget de la France.
Nous n’entendons pas plus dénigrer la Russie
que nous ne voulons la flatter; aussi aurons-nous
à invoquer l’affirmation de témoins oculaires qui
échappent à tout soupçon de partialité. Ils consta
tent les graves inconvénients du climat et du sol,
qui ne pourraient être dominés que par un labeur
acharné et par un capital abondant. Les vastes
étendues de terrain ne sont une richesse qu’au-
tant quelles se trouvent fécondées par le travail
d’une population nombreuse et active. Tant vaut
l’homme, tant vaut la terre, car c’est l’homme qui
lui infuse la vie. C’est « l’homme qui fait la terre, »