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l’évolution économique.
une situation économiquement plus favorable. Quoique la
propriété des inventions industrielles ne soit encore qu’in-
complètement garantie dans l’espace et dans le temps, elle
peut être exploitée, et, s’il y a des inventeurs qui ne cou
vrent pas leurs frais, il y en a, en revanche, qui réalisent
des bénéfices extraordinaires ‘, Ces bénéfices ont été crois
sant à mesure que le débouché des découvertes et inven
tions s’est agrandi sous l’infiuence de l’avènement de la
liberté de l’industrie et de l’extension de la liberté du
commerce. Grâce à la liberté de l’industrie, les obstacles
qui s’opposaient à l’adoption des machines et des procédés
nouveaux ont disparu : chacun est devenu libre d’adopter
l’outillage et les méthodes qui lui paraissent les plus éco
nomiques. D’un autre côté, à mesure que s’étend la sphère
des échanges, que la concurrence devient plus générale
et plus pressante, chacun est obligé de « demander » cet
outillage et ces procédés qui permettent de produire à
meilleur marché. La production du progrès matériel est
donc placée aujourd’hui dans des conditions, sinon abso
lument satisfaisantes, du moins bien supérieures à celles
où elle se trouvait sous l’ancien régime; aussi cette bran
che de la manufacture du progrès est-elle particulière
ment active et florissante.
11 n’en est pas ainsi malheureusement de l’atelier où
s’élabore le progrès moral et politique, où l’on s’occupe
d’améliorer, non le matériel, mais le personnel de la civi
lisation, de rendre l’homme plus capable de gouverner ses
affaires et sa vie, comme aussi de perfectionner la machi
nery qui supplée à l’insuffisance de sa capacité gouver
nante. La production de ces deux catégories de progrès
est loin d’avoir acquis son développement utile. Comme
I On trouvera la démonstration de la légitimité et de l'utilité de la pro
priété des inventions dans nos Questioris d'économie politique et de droit
public, t. II, p. 336.