LE PROBLÈME DE LA MARINE MARCHANDE.
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eux-mêmes pour le succès de leurs entreprises, et qui ver
raient, par une douce exception, TEtat français subvention
ner celles-ci !
J’ai recueilli, durant mon séjour en Anqleterre, les rensei-
qnements les plus positifs sur cette spéculation. Elle est cer
taine. Les courtiers se préoccupent déjà de trouver des
prête-noms, en vue de s’y livrer aussitôt après le vote de la
loi et j’ai ouï dire que leurs offres n’étaient pas toujours re
poussées.
La réussite de leurs manœuvres amènerait la constitution
d’une flotte française absolument fictive, ce serait le pillaqe
des caisses de l’État organisé au profit des faiseurs d’affaires
d’outre-Manclie, l’équilibre de nos finances une fois de plus
compromis par l’énormité du sacrifice imposé au budget ;
c’est Jacques Boidiomme peinant et suant sur son lopin de
terre pour enrichir messieurs les courtiers de Londres,
comme il enrichit en ce moment les actionnaires des voiliers.
Le devoir du Parlement est de couper cette spéculation
dans sa racine, en maintenant, comme je l’indiquerai ulté
rieurement, le jeu de la compensation d’armement dans cer
taines limites — au delà desquelles cette mesure ne trouve
plus sa justification dans l’intérêt bien entendu de la marine
et du commerce français.