Full text: La question d'Orient depuis ses origines jusqu' à nos jours

PRÉFACE PAR G. MONOD. 
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sont le plus rapides, le gouvernement le plus actif et le 
plus ferme. Ils sont déjà maîtres d’une partie de la Thrace 
et étendent leurs prétentions à toute la Macédoine. Mais cette 
nation de paysans, sans commerce et sans industrie, est 
encore pauvre ; elle ne peut songer à des entreprises mili 
taires et elle se contente d’obtenir du sultan des conces 
sions réitérées en le menaçant d’agressions toujours arrêtées 
à temps. Elle forme avec la Roumanie une barrière contre la 
Russie qui ne peut plus désormais arriver par la voie de terre 
à Constantinople ; elle ne pourrait y parvenir que par l’Asie 
mineure : mais elle ne permettrait pas aux Bulgares de s’éta 
blir sur le Bosphore. Du côté de la Macédoine, les ambitions 
bulgares sont contrecarrées moins par la Serbie, qui paraît 
peu capable de reconstituer la grande Serbie de ses rêves, que 
par l’Autriche à qui l’occupation de la Bosnie impose l’obli 
gation de tendre vers Salonique. La Macédoine se trouverait 
alors séparée de la Bulgarie et écartelée entre les Monténé* 
grins, les Albanais et les Grecs. 
Certes, si l’on pouvait disposer des États à sa guise, 
comme sur le papier, on pourrait imaginer une fédération 
balkanique où chaque province autonome prendrait sa part 
du gouvernement fédéral commun; mais on ne peut songer 
à diviser les États déjà existants en deux ou plusieurs pro 
vinces séparées, et on ne peut non plus imaginer l’union paci 
fique d’Êtats aussi disparates que la Roumanie, la Bulgarie, la 
Grèce, la Serbie, le Monténégro, divisés par des jalousies 
cruelles, et leur association avec des pays comme la Macé 
doine, la Thrace et l’Albanie, qui n’ont jamais eu encore de 
vie politique autonome. Et que deviendraient alors les pré 
tentions autrichiennes, sans parler des velléités italiennes du 
côté de l’Épire ? On a beau tourner et retourner le problème 
dans tous les sens, on n’en entrevoit pas la solution. Elle est 
laissée pour le moment au dieu des batailles. Aucune puis 
sance européenne ne verrait sans déplaisir Constantinople 
aux mains d’une autre puissance chrétienne, et l’on ne peut 
vraiment pas demander au Pape d’échanger Saint-Pierre 
contre Sainte-Sophie, ce qui cependant aurait l’avantage 
de résoudre deux problèmes d’un même coup. Mais il fau 
drait pour cela commencer par réunir l’Église grecque et
	        
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