Full text: Les origines historiques des problèmes économiques actuels

' LES ORIGINES HISTORIQUES DES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES 
de l’analyse. Il n’y a pas, à une époque donnée, un fromo 
œconomicus distinct de l’horno religiosus, ou de l'homo poli- 
ticus, etc. Il y a l’homme d’une certaine époque, qui jouit 
et souffre, qui prie, qui renverse des ministères, qui lit des 
livres, regarde des tableaux, va au théâtre ou au cinéma, et 
qui meurt. C’est ce que Michelet appelait l’histoire intégrale. 
À tout instant, les divers éléments de la civilisation d’un 
peuple forment un ensemble, un tout échérent, dont les di- 
verses pièces s’ajustent, et réciproquement se commandent. 
Les institutions économiques du Moyen âge sont dominées, 
comme toutes les institutions de ce temps, par la pensée reli- 
gieuse. C’est dans le droit canon qu’il faut alors aller chercher 
les règles sur le prêt à intérêt, et la Réformation calvinienne 
émancipera le crédit parce qu’elle fera descendre du ciell sur 
la terre toutes les prescriptions qui ne lui apparaîtront pas 
comme d'institution divine. Avant Calvin, c’est la considé- 
ration du juste prix et le dogme de l’improductivité de l’ar- 
gent qui règlent les échanges. Il y a donc une sorte de tho- 
misme économique, qui admet des accommodements et des 
stratagèmes, et qui persistera longtemps au xvi° siècle, même 
dans des sociétés protestantes ; il ne disparaîtra pas au 
xvu° siècle. 
De même, c’est dans le cadre religieux et charitahle des 
sonfréries, derrière les bannières des saints patrons, que se 
groupent les forces industrielles. Ft lorsque les ouvriers s’or- 
ganisent entre eux pour résister à l’oppression des obligations 
patronales, comment donc constituent-ils leurs mystérieux 
compagnonriages? Ils copient naïvemeht les cérémonies de 
l’Église, et il faudra la terreur des classes menacées pour voir 
une parodie sacrilège dans ce qui n’était qu’imitation naïve. 
À leur tour, que font ces classes pour se défendre? Elles es- 
saïent, toujours dans le cadre des sociétés pieuses, d’opposer 
à ces compagnonnages turbulents, révolutionnaires, d’autres 
compagnonnages à la fois dévots et dociles. Mais comment 
apercevoir tout de suite le lien entre les confréries qui mar- 
chent derrière les images des saints Crépin et Crépinien, de 
saint Honoré ou de sainte Barbe, et les syndicats qui défilent 
derrière leur drapeau rouge... à moins qu’il ne soit jaune> 
Et cependant les mêmes intérêts, les mêmes aspirations gui- 
dent ceux-ci et celles-là. L’atmosphère seule ä changé.
	        
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