CHAPITRE VIII
Abandon des révoltés serbes par les Russes
à la paix de 1812.
La révolte serbe n’avait pas été provoquée, ainsi
qu'on l’a vu, par les exhortations russes. Cependant
elle fut sur le point d’être étouffée par le traité conclu,
le 28 mai 1812, à Bucarest’. Cette paix, entre les
Russes et les Turcs, paraissait mettre un terme à
une lutte que la Russie n'avail pas eu l’intention de
provoquer et qu'elle n’avait aidée que dans la mesure
de ses intérêts spéciaux. TI faut rappeler ici certains
événements, afin de mieux comprendre de quelle
manière on arriva à ce traité, qui laissa les chrétiens
du Danube dans l’état où les avait trouvés la guerre.
Cette guerre avaît commencé en apparence à cause
du remplacement de Constantin Ypsilanti, prince de
Valachie, et d’Alexandre Mourousi, prince de Mol-
davie, par les candidats de la France, proposés par
Sébastiani, tout-puissant alors à Constantinople,
Scarlate Callimaëhi et Alexandre Soutzo. La Porte,
avait-elle le droit de les remplacer ou non?
Au point de vue de l'intérêt de l’État, du droit que
tout État a sans doute de se défendre contre un dan-
1. L’envoyé spécial du Tzar, l'amiral Tchitchagov, voulait
cependant renvoyer Orurk en Serbie (Yakchitch, ouvr. cité,
pp. 252-253). L’auteur donne le menu détail des négociations
de la paix en ce qui touche les Serbes.