CHAPITRE XXI
Constitution de la Bulgarie. Union avec la Roumélie
Orientale. Guerre bulgaro-serbe.
Faut-il donc s'étonner que les États balcaniques
n'eurent rien de plus pressé que de corriger à leur
tour, par des intewentions diplomatiques tenaces, ou
par de simples « faits accomplis », — la seule chose
que l'Europe respecte en toute occurrence, car il
faudrait autrement des efforts d'un autre ordre,
qu'elle évite toujours, — l’œuvre du conseil euro-
péen présidé par l'incomparable mépris du créateur
de l'Allemagne nationale envers les nations balca-
niques, qui, elles aussi, étaient tourmentées par les
besoins d’une vie nationale entière ?
Pendant l'occupation russe, réduite à Berlin de
deux ans à huit mois*, la Bulgarie, la principauté,
devait se donner, par la volonté de ses notables, une
Constitution, et il était à prévoir qu’elle serait, de
même que la Constitution grecque, mais pas comme
la prudente Constitution serbe, un acte d’une pureté
théorique absolue, contenant la liberté complète
de la nation, sans Sénat et mème sans un Conseil
d'État. On se l'explique facilement en pensant que
1. Les troupes russes partirent en chantant l’hymne natio-
nal bulgare, Choumi Maritza, regrettées par les habitants;
Laveleye, loc. cit, I, p. 141.