LA NATURE &
toute plante, blé ou chêne, pour étendre ses racines et
respirer, un certain espace qu’on ne peut réduire. Sans
doute on peut, à prix d’or, dans des serres, avancer la flo-
raison des lilas ou la maturation des pêches, mais cette
culture qui est déjà de l’industrie ne sert qu’au luxe de
quelques riches. Au contraire, l’industriel n’est pas enfermé
dans le cycle inexorable des saisons: été et hiver, jour et
nuit, il peut pousser ses feux ou faire battre ses métiers.
Dans.ses cuves, dans ses fourneaux, il pétrit à son gré la
matière inorganique. Il n’a affaire qu’à des lois physiques ou
chimiques beaucoup moins mystérieuses que celles de la vie,
La preuve, c’est qu’il les a domestiquées et les fait obéir avec
une précision mécanique.
La limitation de la production agricole n’est pourtant point
inflexible comme celle de la production extractive: elle est
élastique et susceptible même d’un accroissement quasi
indéfini, mais au prix d’un effort qui va croissant et finit par
être hors de proportion avec le résultat.
Cet accroissement peut se réaliser de deux façons :
1° par l'extension de la superficie cultivée. Il n’est aucun
pays, même parmi ceux les plus avancés en civilisation,
où la totalité du sol soit cultivée, même en considérant
comme telle la partie utilisée sous forme de pâturages et de
forêts.
Néanmoins, la marge qui reste disponible est généralement
de peu de valeur et ce n’est pas dans cette voie que l’on
pourra trouver de grandes ressources pour les besoins des
générations futures. Mème dans les pays-relativement neufs,
comme aux États-Unis, la limitation de la terre en étendue
commence à se faire sentir : les terres encore disponibles
sont généralement dépourvues d’eau et ne peuvent être
cultivées que par des procédés onéreux (dry farming). Il ne
reste plus beaucoup de terres à blé disponibles dans le
monde, étant donné que le blé ne peut être cultivé que dans
la zone tempérée et il ne semble pas qu’on puisse en attendie
beaucoup plus de pain que ce qui est nécessaire pour les
600 millions d'hommes qui s’en nourrissent actuellement.
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