Full text: Principes d'économie politique

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PRINCIPES D’ÉCONOMIE POLITIQUE 
CHAPITRE I 
L’ÉCHANGE 
[ 
Historique de l’échange. 
La place que tient l’échange dans la vie moderne est incal- 
culable. 
Pour s’en faire quelque idée, il suffit de remarquer que la 
presque totalité des richesses n'ont été produites que pour 
être échangées. Prenez les récoltes dans les greniers ou dans 
les celliers des propriétaires, les vêtements dans les ateliers 
de confection, les chaussures chez le cordonnier, les bijoux 
chez l’orfèvre, le pain chez le boulanger. et demandez-vous 
quelle est la part de ces richesses que le producteur destine 
à sa propre consommation? Elle est nulle ou insignifiante. Ce 
ne sont que des marchandises, c’est-à-dire, comme le nom 
l’indique assez, des objets destinés à être vendus. Notre 
industrie, notre habileté, nos talents, sont aussi le plus sou- 
vent destinés à satisfaire les besoins des autres et non les 
nôtres. Arrive-t-il jamais que l’avocat, le médecin, le notaire 
aient à travailler pour eux-mêmes, à plaider leurs propres 
procès, à soigner leurs propres maladies ou à dresser des 
actes pour leur propre compte ? Eux aussi donc ne consi- 
dèrent ces services qu’au point de vue de l’échange. Et voilà 
pourquoi, quand il s’agit d'estimer nos richesses, nous les 
apprécions non point d’après leur plus ou moins d'utilité 
pour nous, mais uniquement d’après leur valeur d'échange, 
c’est-à-dire leur utilité pour autrui. 
Mais il ne faut pas croire qu’il en ait été ainsi de tout 
temps. L’échange n’est pas un procédé aussi simple que 
l’association ou la division du travail, ceux-ci si naturels que 
certaines espèces animales elles-mêmes savent les mettre en 
pratique. Loin d’être instinctif, l’échange paraît avoir été
	        
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