330
PRINCIPES D'ÉCONOMIE POLITIQUE
Faut-il conclure de ces chiffres que la France était obligée
de payer tous les ans à l'étranger plus de 1 milliard de francs
en monnaie par an ? Ce n’est pas probable, car il était
facile de constater, par l’observation la plus superficielle, que
la quantité de monnaie en circulation n’avait pas sensible-
ment diminué. Mieux que cela ! elle avait augmenté, En effet,
les mêmes douanes qui enregistrent les exportations et les
importations de marchandises, enregistrent aussi les entrées
et les sorties de métaux précieux. Ord’aprèsles chiffres
relatifs à la même période, tous les ans il y avait plus de
numéraire ou lingots à l’entrée qu’à la sortie (en 1913 excé-
dent 619 millions).
Si nous prenions l’Angleterre, les chiffres seraient plus
surprenants encore. L’excédent annuel des importations sur
les exportations y dépassait régulièrement(3 milliards francs,
c’est-à-dire qu'une année aurait dû suffire pour enlever tout
le numéraire de l'Angleterre, car. il ne dépassait guère
3 milliards de francs! Il n’en est rien pourtant et on voyait
au contraire, là comme en France, les entrées de numéraire
dépasser ordinairement les sorties.
Quel est donc le mot de l’énigme ? Celui-ci tout simplement :
pour savoir si un pays exportera où importera du numéraire
ce n’est point uniquement la balance de ses exportations et
de ses importations qu’il faut considérer, comme on le fait
généralement dans le public, mais la balance de ses créances
et de ses dettes. Or, la balance des comptes n’est pas la mème
que la balance du commerce : les exportations constituent
bien une créance sur l’étranger et même la principale,
mais il y a bien d’autres créances qui peuvent aussi procurer
de l’or : les importations constituent bien la principale dette
vis-à-vis de l’étranger, mais elle n’est pas la seule.
produites à l’intérieur ou qui sont destinées à la consommation intérieure : il
ne comprend done ni les marchandises en transit, ni les admissions tempo-
raires. Le commerce spécial est nécessairement inférieur au commerce
général : cette différence, pour la France, est de plusieurs milliards. La pro-
portion est plus considérable dans d’autres pays à raison de leur situation
géographique : en Suisse par exemple.