Full text: La réforme syndicale en Italie

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des patrons plaçaient la foule ouvrière, laissait d’autre part 
pleine liberté d'organiser la rébellion, devait aboutir, ainsi 
que cela se produisit en effet, à la lutte des classes et des 
catégories, c’est-à-dire au socialisme. Vu que la situation 
des classes ouvrières était grave et injuste, et que l’État ne 
s’apercevait pas de l’injustice, il était fatal que l’organisation 
de la défense des classes ouvrières par elles-mêmes s’effectuât. 
Le socialisme ne fut point autre chose que cette organisa- 
tion. Tout l’appareil doctrinaire et philosophique qui précéda 
et accompagna le socialisme ne fut qu’un accessoire. La 
substance du mouvement resta l’organisation de la défense 
des classes ouvrières par elles-mêmes, «l’auto-défense » de 
classe. 
Cette défense ne sortit pas tout d’abord des limites de 
la légalité. Elle eut même la prétention de s’insérer dans le 
cadre du système de l’économie libérale. La grève, c’est-à-dire 
l’abstention collective du travail par les ouvriers, ne fut au 
début qu’un moyen visant à raréfier l’offre de main-d’œuvre, 
et partant, à faire augmenter la demande, en déterminant ainsi 
une augmention des prix, c’est-à-dire des salaires ouvriers. 
Mais bien vite, et surtout dans la dernière période du 
XIxème siècle, et au début du xxèwe, le mouvement ouvrier 
prit un caractère beaucoup plus accentué. L’organisation du 
travail ne cessa de s'étendre et de se renforcer, sous la 
direction des chefs socialistes qui en firent un formidable 
instrument de leur influence politique. Bien vite, les grandes 
organisations d'ouvriers devinrent très puissantes. Flanquées 
par le parti socialiste, qu’elles alimentaient de leurs votes et 
de leurs contributions économiques, elles renversèrent rapi- 
dement la situation. 
À l’égard des entrepreneurs et des capitalistes les rôles 
s’intervertirent. Devant les grandes organisations ouvrières 
qui souvent dominaient l’État lui-même, les patrons durent 
céder et dans certains cas capituler. C’est que les armes dont 
les organisations des ouvriers disposaient étaient devenues 
bien autrement puissantes. À la grève, considérée comme sim- 
ple moyen de lutte économique, visant à influer sur les condi- 
tions du travail par le jeu de la diminution de l’offre, s’était 
Substituée la grève politique, tendant à créer un état de dé- 
sordre et d’agitation préoccupant pour l’ordre public, et suscep- 
tible pour cette raison de provoquer l’intervention de l’État. La 
grève, d’autre part, n’était plus une simple abstention volon-
	        
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