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Au point de vue juridique, il nous semble que les théories
des chargeurs doivent être considérées comme bien fondées en
1roit malgré l’avis autorisé de jurisconsultes éminents.
En ce qui concerne la jurisprudence, il nous paraît que la
cour Suprême en se limitant à une interprétation par trop
intransigeante des clauses d’exonération de responsabilité s’est
écartée de la véritable tradition juridique et qu’en l’espèce les
Tribunaux de Commerce de Marseille et de Bordeaux en
suivant l’équité se sont conformés au Droit.
Enfin, vous aurez pu constater qu’après une période de lutte
active qui a duré trente ans les chargeurs sont à la veille
d’obtenir enfin satisfaction. Doit-on pour cela, en s’inspirant
des réformes proposées depuis 1886 opérer directement par
voie législative ou bien en tenant compte de l’important accord
intervenu librement à La Haye entre chargeurs et armateurs,
an obtenir la ratification du Parlement Français une fois que
le texte aura reçu les modifications nécessaires pour le rendre
conforme à notre conception nationale de Droit ? J’opterai
volontiers pour cette deuxième solution en vous demandant la
permission de citer.à l’appui de mon opinion la conclusion
d’un récent article du professeur Georges Ripert : « Il faut
on réalité suspendre tout le travail qui a été entrepris. La
France qui a signé une convention a l’obligation morale de la
ratifier et elle ne refusera certainement pas de le faire. Les
armateurs de tous les pays du monde se trouveront placés
sous le même régime de transports, Il convient avant de songer
à d’autres réformes de voir comment se comporte ce régime
nouveau et s’il donne satisfaction aux intéressés. C’est une
expérience à faire. Tout le monde convient que le régime qui
a été créé, bien que prêtant à critique sur certains points est
supérieur au régime actuel. Il faut donc appliquer les Règles
de la Haye. Si dans cette application, des critiques apparaissent
qui soient justifiées, il sera toujours temps de se remettre à
œuvre » (1).
Pratiquement la question se pose de savoir à quel moment
seront prêts les projets de loi destinés à faire entrer dans notre
égislation les règles de la Haye et un certain sentiment de
méfiance persiste dans le monde des chargeurs si souvent
abusé. Il craint de se trouver à nouveau en présence d’une
mesure dilatoire comme l’a été l’établissement du connaisse-
ment transactionnel en 1914 sous la menace de la proposition
1) Sémaphore, 16 février 1926.
3, VALIDITE DES CLAUSES D’EXONERATION DANS LES CONNAISSEMENTS
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