Full text: La politique coloniale de la France

LES INITIATEURS ET LEURS AUXILIAIRES. RICHELIEU 3 
fluence suprême qui s’exerce et l’association d’intérêts 
qu’elle garantit. 
Nous n’insistons pas davantage sur ces données essen- 
telles. Dans cette étude, qui n’est pas un traité doc- 
trinal, il était utile toutefois de les indiquer sommairement, 
si l'on veut s’expliquer pourquoi, à un moment donné et 
seulement alors, le gouvernement d’un grand pays comme 
la France ne peut négliger l’expansion de ses nationaux, 
celle de leurs personnes ou celle de leur activité, vers des 
contrées lointaines. Il s’agit d’empécher que ce mouvement 
se propage en dehors de l’État, sinon même au détriment 
de l’État, et le gouvernement, soit pour le précéder, soit 
pour le suivre, est alors obligé d'intervenir, de donner 
l'impulsion dirigeante. I n’y a pour un pays, tôt ou tard, 
que des forces perdues ou incomplètes, là où n’existent 
envers lui que des affinités anciennes, fussent-elles toujours 
vivaces. La communauté de la langue et de la religion, 
le respect des traditions et la fidélité du souvenir, peuvent 
préserver les sympathies; ils ne suffisent pas à rattacher 
toujours une population au pays où elle a puisé ses ori- 
gines, ou bien duquel elle a Teçu ses premières institu- 
tons. La survivance de l'esprit national dans ce qu’on 
appelle quelquefois encore des « colonies perdues! » est 
assurément touchante, mais se développe en dehors de ce 
qui fut jadis la patrie. Il faut autre chose pour que le 
lien colonial existe, il faut l’union politique et permanente 
d’un État souverain avec des pays d'outre-mer, et c’est 
pour la créer ou la maintenir que l’action d’un pouvoir 
central est nécessaire. 
On voit tout de suite pourquoi le mouvement colonial 
de la France ne remonte pas au delà du xvrr° siècle, ou, 
à la rigueur, du xvi°. Sans doute à ceux qui reprochent 
1. C’est en poète uniquement que Frechette, au Canada, s’exprimait 
dans un vers souvent cité : 
Eh bien! nous resterons Français malgré la France. 
La vérité, c'est que les sentiments les plus nobles ne résistent pas tou- 
jours aux contagions de l'ambiance. Cf. Revue de Paris, 15 février 1925. 
Franck L. Schoell, L'agonie du Français en Louisiane. Cf. également 
Victor Tantet, Survivanre de l'esprit francais aux colonies perdnes. Paris. 
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