CHAPITRE V
LA POLITIQUE DE RAPPROCHEMENT DES PEUPLES
Un pays conquesté est comme un enfant nouvellement né qu’il
'aut allaiter, bercer, comme un arbre nouvellement planté qu'il faut
ippuyer, ascenser, défendre de toute injure, comme une personne
sauvée de longue maladie qu’il faut choyer, épargner, restaurer.
MARELAIS.
N'oublions pas que loujours nous devons ménager le pays el les
rabilants, et il faut nous rappeler que, dans les luttes coloniales,
0us ne devons détruire qu’à la dernière extrémité et dans ce cas encore,
re détruire que pour mieux bâtir.
GALLIÉNE.
À la séance du Conseil supérieur du Gouvernement, tenue à Rabat le 22 novembre
1926, M. Steeg précisait que, de la paix garantie, devait sortir un grand bienfait.
Des âmes primitives allaient prendre de plus en plus conscience de la dignité
aumaine, comprendre ce que peut être un peuple ami lorsqu’il apporte les lumières
de l'Occident. Il importait, au Maroc, de convaincre et de se rallier trois races :
es Berbères (1), autochtones, désireux de s’instruire, réservoir de force laborieuse
Mecçmouda, Zenata, Cenhadja, parents des Touaregs aux visages voilés, subdivisés
>n tribus (2); les Arabes, trop souvent désireux de vivre sans le moindre effort,
ceux-là mêmes qui, en 681 de notre ère, apportèrent l’Islam au Maroc; la race
noire, qui déjà fournit une dynastie au pays, et qui, douée d’une remarquable
aptitude à l’adaptation pratique, peut être d’un précieux auxiliaire aux civili-
sateurs.
M. Steeg a donné comme base à sa politique indigène ces principes (3) : asso-
ciation étroite des indigènes au développement économique et social; orientation
de l’instruction des indigènes vers des buts pratiques. en lui proposant, pour fonde-
(1) Il est curieux de noter qu’à ne considérer que les sources ethnographiques, saint Augustin, n
t Tagaste en 354, serait d'origine berbère. Cette opinion est partagée par plusieurs auteurs d'ouvrage
*hrétiens.
{2) Voir Vietor Prquer, Le Peuple marocain, le bloc berbère. Paris, êd. Larose. L'auteur a le
10mbre des Berbères purs à 147.000 dans le Djobel, à 295.000 dans le Riff. Ces deux régions contiendra en
“espectivement 470.000 et 240.000 Berbères plus ou moins arabisés. « Il est exceptionnel qu’une pultssonté
européenne rencontre un peuple (berbère) que son esprit, ses tendances, tout, en somme, rapproche ainsi
l'elle, et dont l'assimilation paraît possible dans l’acception la plus franche du terme. » A
(3) Principes qui correspondent, somme toute, à ceux que soutint M. le général Le Rond, au Comité
parlementaire français du commerce, dans la séance du 31 mars 1927 où M. Octave Homberg communiqua
son Happort sur : « Quelle doit être la politique indigène de la France dans ses diverses colonies? »