740 OEUVRES DIVERSES.
prix, les hommes, les choses reprendraient leur assiette régulière.
Dans un état de liberté complète, tout homme adopte le travail qui
s’accorde le mieux avec ses instincts, ses facultés, et il en résulte une
impulsion féconde dans la production. Mais une taxe mal calculée,
mal appliquée, peut nous entraîner à importer ce qu’il eût été avan
tageux peut-être de produire à l’intérieur, ou à exporter ce que nous
aurions eu du profit à faire venir du dehors. Dans les deux cas, à l’in
convénient de payer un impôt se joindra celui d’obtenir, en échange
de notre travail, une valeur moindre que celle que nous eût donnée
une liberté entière dans la production. Un système d’impôts compli
qué et dilïicile dérobe aux législateurs la plupart de ses vic«s, de ses
conséquences fâcheuses, et, par conséquent, il n’excite pas l’industrie
à des efforts désespérés. Au moyen des impôts exceptionnels delà
guprre, nous pourrions épargner un grand nombre de millions dans la
perception : tout au moins, pourrions-nous licencier cette armée d’em
ployés qui grève nos budgets. Nous n’aurions à supporter aucune
charge pour la gestion de notre dette : nous ne contracterions plus
d’emprunts à 50 et 60 1. st., pour les racheter à 70, 80, et même
100 1. st.; et peut-être même, ce qui serait le plus beau résultat de
ce système, pourrions-nous tarir ces deux grandes sources de démo
ralisation pour le pays : les Douanes et les Contributions indirectes.
Sous quelque point de vue que nous envisagions cette question, nous
sommes toujours amenés à dire que nos finances s’amélioreraient
sensiblement le jour où nous renoncerions à la pratique des dettes
fondées. Luttons contre les dillicultés lorsqu’elles se présentent, et ne
chargeons pas nos ressources de ces fardeaux perpétuels dont on ue
sent bien le poids accablant que lorsque le mal est devenu sans re
mède.
Il nous reste maintenant à étudier les deux autres moyens propres
à faire face aux dépenses extraordinaires de la guerre. L’un consis
te, nous l’avons dit, à emprunter le capital nécessaire , en levant, au
moyen de taxes annuelles, les sommes destinées au paiement des iu
térêts : le second, à ajouter au service des intérêts une somme addi
tionnelle, qui prend le nom d’amortissement, et dont l’action doit être
d’éteindre au bout d’un certain temps la dette contractée, et de nous
affranchir des taxes qu’elle occasionnait.
Fermement convaincu que tôt ou tard les nations s’ellorcerout
de faire face à leurs dépenses ordinaires et extraordinaires , au mo
ment même où ces dépenses deviennent nécessaires, nous sommes
prêts à admettre tout système qui accélérerait le remboursement de